Les milieux rocheux
Certains organismes,à l’instar de mousses, d’algues ou de cyanobactéries, peuvent se fixer directement sur la roche, supporter la perte quasi-totale de leur eau et mettre en veille leurs fonctions vitales, jusqu’au prochain épisode pluvieux. Leur développement créé les conditions d’une vie plus étendue.
Dans les fissures des rochers, un peu de terre et d’humidité peuvent s’accumuler. Ainsi, des plantes à fleurs, des fougères et des arbustes y trouvent le substrat et le peu d’eau nécessaire à l’alimentation de leurs tissus. Ils doivent toutefois résister à des conditions extrêmes : brûlures du soleil, morsures du froid et du gel, assauts des vents violents, sécheresses ou au contraire suintements permanents...
Au fil des siècles, les habitats rocheux peuvent donc développer des cortèges très diversifiés d’organismes. Au sein du Parc national des Cévennes, les falaises calcaires accueillent des espèces comme le Drave faux-aizoon, la Potentille des Cévennes et la Saxifrage des Cévennes... Les dalles rocheuses qui affleurent les causses sont colonisées par des mousses, des orpins et joubarbes (hôtes du très rare papillon Apollon).
En contexte siliceux, les herbacées cohabitent avec de nombreuses fougères comme les cheilanthès, les doradilles, les dryoptéris et les polypodes.
Une faune riche s’implante également dans les milieux rocheux :
- Tichodrome échelette, Crave à bec rouge et vautours au niveau de falaises
- Mouflon et Chamois sur les pentes et éboulis
Les lézards, les serpents ainsi que de très nombreux insectes et arachnides apprécient ces milieux.
Les milieux souterrains
Dans ce domaine, le Méjean est un espace particulièrement riche. Des centaines de grottes et avens y sont identifiés mais une bonne part du sous-sol reste encore à cartographier. Depuis 2016, le Parc national et le bureau de recherche géologique et minière (BRGM) ont lancé une étude afin de connaître le fonctionnement des eaux souterraines de ce vaste plateau calcaire.
Au total, le territoire du Parc national compterait près de 630 cavités naturelles.
Certains sites grandioses comme l’aven Armand, la grotte de Dargilan, l’abîme de Bramabiau ont été aménagés pour l'accueil du public. D’autres ne sont accessibles que par les spéléologues aguerris comme la grotte de Malaval, exceptionnelle pour la diversité de formes, natures et couleurs de ses concrétions, ou la grotte Amélineau, avec ses milliers de longues fistuleuses.
Malgré son obscurité, le monde souterrain présente une biodiversité bien spécifique qui bénéficie de conditions d’humidité et de température très stables.Un grand nombre d’espèces de bactéries, d'insectes, de crustacés et de chauve-souris y vivent ou y passent une partie de leur vie.
Parmi les 26 espèces de chauves-souris connues dans le Parc national, plus de la moitié utilisent les cavités rocheuses, au moins une partie de l’année.
Un milieu hors du temps…
Le milieu souterrain est un milieu préservé par le temps, en raison de la constance des paramètres climatiques. Il conserve de manière exceptionnelle aussi bien des vestiges de périodes reculées (art pariétal, ossements, ...) que des traces de l'homme moderne : déchets, dégradations, graffitis.
… mais fragile
La conservation du milieu souterrain est également intimement liée à l'activité en surface. Les travaux de déboisements ou de génie civil peuvent avoir des conséquences importantes en profondeur (débit et chimie des eaux d'infiltration, teneurs en gaz carbonique, variations de température). La protection de ce patrimoine impose donc une collaboration entre les différents acteurs du territoire. Dans certaines grottes, des règles d’usage permettent de concilier la pratique de la spéléologie avec la préservation des espèces inféodées.