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Une journée de suivi avec un garde moniteur

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L'équipement du garde-moniteur : une longue-vue et une paire de jumelles © N Maltaverne - PNC

 

Fin juin, nous avons accompagné Rémy Barraud, garde-moniteur sur le massif des vallées cévenoles dans sa mission de connaissance. Au programme : prospection de dalles à orpins et suivi de la reproduction du Busard cendré.

 

EPN
Orpin blanc © Rémi Saint-Maxent

Nous sommes ici sur la Can Ferrière à Barre des Cévennes. Il y a 400 millions d’années, avant que la vallée du Tarnon se creuse, ce massif et le causse Méjean ne faisaient qu’un. Leurs géologies sont donc identiques : de grands plateaux karstiques perchés à 1000 mètre d’altitude. Notre mission : prospecter les dalles calcaires où poussent les orpins et notamment l’orpin blanc, plante grasse dont se nourrit la chenille du papillon Apollon (Parnassius Apollo). Présent uniquement sur les causses Méjean et Sauveterre suite à sa disparition du mont Lozère et de l'Aigoual, cette espèce emblématique des montagnes n’a jamais été trouvée jusqu’à présent sur ce secteur mais un randonneur affirme avoir vu la chenille de ce papillon

Très caractéristique, elle est noire, ornée de deux rangées de points orange. Son témoignage nous conduit à aller vérifier sur place. Nous scrutons scrupuleusement les quelques dalles se trouvant en bordure du sentier de randonnée. Les feuilles rouges, charnues et glanduleuses des orpins blancs ne sont pas grignotées et aucune chenille en vue… le site sera à nouveau prospecté au printemps prochain.

 

 

Le Busard cendré, une espèce en déclin

A quelques kilomètres d’ici, nous débouchons sur une vaste lande pentue parsemée de buissons épineux. Un couple de Busard cendré (Circus Pygargus), une espèce migratrice, a élu domicile dans l’un d’eux, sur la crête. Les yeux dans la longue vue, nous attendons que surgisse le couple que nous supposons être parti à la chasse pour nourrir les jeunes, généralement 3 à 4 chaque année. Opportuniste, « le Busard cendré apprécie la période des foins, la fauche rendant plus facile la détection des campagnols », explique Rémy Barraud. Mais nous ne les verrons pas, la patience n'est pas toujours récompensée…

Après plusieurs sites visités sans succès, nous aurons finalement plus de chance sur un versant opposé, dans une magnifique lande à genêt purgatif. Nous observerons un busard mâle virevolter juste au-dessous des buissons avant de lâcher sa proie directement dans l’aire où sont enfouis les oisillons. Il faudra attendre quelques semaines avant qu’ils ne prennent leur envol. 

 

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Femelle Busard cendré © Jean-Pierre Malafosse

 

Le suivi des sites historiques de nidification du Busard cendré a été mis en place par l’établissement en 2015. Comme partout en France, dans le Parc national, la population nicheuse de cette espèce a fortement chuté. En 2000, 49 couples étaient recensés dans le Parc contre 15 en 2023. « L’année dernière nous avions 6 couples dans les vallées cévenoles, nous n’en avons plus que 3 », précise Rémy Barraud. 

Afin de tenter de fixer les couples sur des sites favorables, des formes de femelles en position couveuse sont posées dans les landes afin d’attirer les mâles, premiers à revenir de la migration. Installés sur le site, ils attireront à leur tour les femelles. « Cela fait 5 ans que nous employons cette méthode, même si elle ne fonctionne pas toujours nous avons eu quelques réussites ». L’année dernière, les 15 couples observés sur le territoire du Parc avaient donné 22 jeunes à l’envol. Les Busards cendrés partiront en migration en Afrique fin août.

 

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Formes de femelles en plâtre © Rémy Barraud