Au cœur du Parc national des Cévennes, un projet innovant a vu le jour pour protéger une espèce emblématique : le Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros).
Grâce à une collaboration entre le Parc et le Groupement forestier des Rousses, une colonie de chauves-souris a pu bénéficier d’un refuge adapté pour garantir leur pérennité tout en permettant la cohabitation avec les activités humaines.
Après une première saison d’observation, le bilan est encourageant.
À la rencontre du Petit rhinolophe
Petit mais remarquable, le Petit rhinolophe est l’une des plus petites espèces de chauves-souris en France, avec une envergure d’environ 25 cm pour un poids d’à peine 10 grammes.
Reconnaissable à son museau en forme de fer à cheval, il utilise l’écholocation pour naviguer et chasser des insectes, jouant ainsi un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes.
Cette espèce affectionne les vieux bâtiments où elle forme des colonies en été pour mettre bas et élever ses jeunes.
Les effectifs sont souvent modestes, mais dans la vallée forestière du Béthuzon, le gîte de Rousses accueille plus de 30 femelles, un chiffre remarquable pour cette espèce protégée.
Un projet exemplaire pour une cohabitation réussie
Le projet d’aménagement a été initié près de Meyrueis après la transformation prévue d’une grange en bureaux. La colonie, autrefois installée dans la grange, risquait de perdre son habitat. Pour éviter cette situation, les agents du Parc ont proposé un dispositif mêlant innovation et respect des besoins biologiques des chauves-souris.
- Un caisson sur mesure :
Réalisé en bois, ce caisson isolé offre un espace sécurisé de 4 m² pour la colonie. Il est accessible pour l’entretien et équipé d’une bâche pour récupérer le guano.
- Une chiroptière ingénieuse :
Une ouverture spécifique (40 x 8 cm), intégrée au toit, permet aux chauves-souris d’entrer et sortir en toute sécurité. Placée sur le versant Est, elle favorise une ventilation optimale et limite les montées en température.
Ces installations ont été conçues en s’inspirant d’expériences réussies, documentées dans le cadre du Plan National d’Action Chiroptères, garantissant ainsi leur efficacité.
Une première saison encourageante
Dès 2024, les Petits rhinolophes ont adopté leur nouveau refuge. Deux comptages nocturnes ont révélé une fréquentation stable, avec un pic de 22 femelles en juin, période de mise bas.
Malgré les fortes chaleurs de l’été, les conditions dans le caisson sont restées favorables, en grande partie grâce à une bonne ventilation.
Un engagement à long terme
La protection de cette colonie repose sur une collaboration active entre le Parc et le Groupement forestier des Rousses. Une convention formalisant cet engagement prévoit :
- un suivi annuel de la population par des agents du Parc ;
- la possibilité d'installer un dispositif de surveillance comme une caméra infrarouge ;
- l’entretien régulier des installations pour garantir leur durabilité.
Un exemple qui montre qu'il est possible de préserver la biodiversité tout en valorisant les activités humaines. Il servira certainement de source d'inspiration pour de futures initiatives menées par le Parc.