Partager

Suivi des écrevisses à pieds blancs dans le Parc national des Cévennes

800px-austropotamobius_pallipes_david_gerke_cc_by-sa_3.0_via_wikimedia_commons.jpg
David Gerke, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Présentation de l’Ecrevisse à pieds blancs

L’Ecrevisse à pieds blancs (ou Ecrevisse à pattes blanches), qui porte également le doux nom scientifique de Austropotamobius pallipes est un crustacé (comme les crabes) décapode dépassant rarement 12 cm de longueur.

De couleur uniformément verdâtre, elle fréquente le fond des cours d’eau ombragés de faible profondeur, dans lesquels elle peut se dissimuler, et où elle se nourrit de débris végétaux, de poissons morts et d’invertébrés (omnivore opportuniste).

 

04135_bd.jpg
Dans le Parc national des Cévennes, l'"Ecrevisse à pieds blancs" est notamment menacée par l’introduction d’écrevisses exotiques envahissantes. Voir notre article récent sur le sujet.   © Jean-Pierre Malafosse - Parc national des Cévennes

 

Autochtone dans les cours d’eau d’Europe de l’Ouest, elle apprécie les eaux claires, fraiches, de bonne qualité et bien oxygénées. Aussi de par ses exigences écologiques et sa sensibilité à différentes sources de pollution, sa présence est considérée comme un bon indicateur de la qualité des milieux aquatiques.

Parmi les 3 espèces d’écrevisses autochtones en France, c’est celle qui est la plus observée.

 

Une espèce menacée

 

b_gineste.jpg
© Benoît Gineste - Parc national des Cévennes

Son aire de répartition est en recul constant depuis la moitié du XXème siècle. Les causes de cette régression sont multiples et non exclusives :

Les pressions subies par les milieux aquatiques (rejet agricoles, industriels, domestiques, artificialisation et aménagement, piétinement, colmatage) entrainant la dégradation de la qualité de l’eau et des habitats, la pression de pêche trop intense et le braconnage y contribuent fortement.

Mais un des facteurs prépondérants est sans doute l’introduction d’écrevisses exotiques envahissantes, principalement américaines, qui peuvent exercer une concurrence directe (prédation, compétition pour les ressources alimentaires et les gites, …) et surtout transmettre des maladies létales dont l’aphanomycose.

Parmi ces espèces, l’Ecrevisse du Pacifique (ou écrevisse signal) Pacifastacus leniusculus, présente sur le territoire du Parc, constitue une des principales menaces. 

Pour ces raisons, l’Ecrevisse à pieds blancs est d’ailleurs classée « en danger » par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Ainsi, en France, l’habitat de l’Ecrevisse à pied blanc est protégé. Par ailleurs, dans certains départements comme dans le cœur du parc national des Cévennes, la pêche à l’écrevisse à patte blanche est interdite afin de protéger les populations.

Pourquoi et comment sont réalisés les comptages ?

Ainsi, en tant que bio-indicatrice de la qualité des cours d’eau, il est important de pouvoir suivre l’évolution des effectifs d’Ecrevisse à pieds blancs sur différents secteurs du territoire du Parc national des Cévennes. Ce suivi permet ensuite de mettre en place des mesures de protection si nécessaire (régulation des écrevisses invasives, protection des cours d’eau, recherche de polluants, impact des activités humaines dans les cours d’eau, …).

 

12971_bd.jpg
© Arnaud Bouissou / TERRA Ministère de l'Environnement

 

Sur certains cours d'eau du Parc national des Cévennes, des comptages sont réalisés tous les 3 à 4 ans depuis 2008.

Le protocole de dénombrement consiste à prospecter de façon systématique le linéaire de cours d’eau, sur une section fixe d’environ 1000 m au cours de trois passages, à réaliser entre mi-juillet et mi-août, quand le niveau d’eau est au plus bas. Une fois la nuit tombée, les agents parcourent à pied le linéaire à dénombrer, en éclairant le cours d’eau à l’aide de lampe torche, en évitant de pénétrer dans celui-ci et en prenant soin de ne pas piétiner les habitats favorables. Tous les individus sont dénombrés en différenciant les adultes des jeunes (> ou < à 30 mm).

Dans les années futures, il faudra poursuivre ce suivi afin de pouvoir mettre en évidence une évolution (diminution, augmentation, absence de tendance, fluctuation) des effectifs d’Ecrevisse à pieds blancs sur les différents sites suivis au sein du PNC, en lien avec les mesures de gestion de cours d’eau (accès limité des bovins au cours d’eau, replantation d’arbre et arbuste le long du linéaire), et plus largement à l’échelle du territoire du Parc.

Un article écrit par Benoît Gineste, Technicien Connaissance et Veille du Territoire - Massif Mont Lozère

 

Pour aller plus loin sur l'écrevisse à pieds blancs:

 

04818_bd.jpg
© Philippe Baffie - Parc national des Cévennes