Soir du lâcher, Meyrueis, 24 mai 2016, 20 h 00
Aigoual et Cayla lissent leur plumage sagement, à l'abri dans la cavité, regardent autour d'elles et s'imprègnent de ce nouveau paysage. L'Andalousie est déjà bien loin ! La journée s'achève et le soleil décroît… Tout à coup, Layrou et Larzac, les deux mâles présents dans les Grands Causses, survolent le site de lâcher à basse altitude, comme pour souhaiter la bienvenue aux deux nouvelles "recrues" !
Aigoual et Cayla, jeunes gypaètes femelles, ne savent pas voler ce 24 mai 2016 lorsqu’elles sont déposées dans cette vire rocheuse de la Jonte. Ces « poussins nés en élevage pour participer à la réintroduction de l'espèce dans les Grand Causses, ont, malgré tout, déjà leur taille adulte ! De « beaux bébés » en somme !
La croissance est très rapide chez les oiseaux : les gypaètes, de leur naissance jusqu'à leur envol, passent de 150 g à 5-7 kg.
Gymnastique quotidienne
Et 1, et 2,…. et 215 battements d'ailes par jour ! Outre se nourrir, se reposer, se baigner, observer le vol des vautours ou des autres gypaètes qui glissent dans les airs, les deux jeunes femelles font chaque jour de la gymnastique. Leurs grandes ailes ouvertes, elles se musclent en battant l'air énergétiquement. Cet entraînement leur fait sentir l'appui qu'elles peuvent prendre sur l'air. Elles décollent même parfois du sol et cela leur donne l'envie de faire le grand saut…
Quand les jeunes gypaètes dépassent les 200 battements par jour, ils sont alors proches de l'envol. Ce 22 juin, les surveillants de la LPO et du Parc national se doutent que le moment tant attendu est proche pour Cayla.
Encore un petit effort… un peu de courage !
Jeudi 23 juin, météo ensoleillée, vent léger à modéré Sud - Sud Est, 18 h 00
Aigoual et Cayla se décident à sortir de la vire et à arpenter la pente en contrebas. Dans la matinée, le grillage protecteur a été ôté et la vire est ouverte. Quelques derniers coups d'ailes depuis un rocher, et c'est parti pour un baptême de l'air ! Cayla effectue, avec une maîtrise innée, sous le regard de sa sœur restée au sol, deux vols successifs de 35 et 45 secondes ! Cayla a donc pris son envol, un mois après son lâcher, à l’âge de 127 jours, soit 10 jours de plus que l'âge moyen.
Depuis, elle progresse de jour en jour. Ses vols sont de plus en plus longs et maîtrisés. Les grands corbeaux viennent parfois la houspiller mais, montrant ses talents de voltigeuse, elle les évite sans aucun problème. Elle doit à présent se perfectionner dans le choix de ses reposoirs nocturnes : en rocher, inaccessibles, à l'abri des prédateurs, à l'abri d'un orage…
A quand ton tour, Aigoual ?
(Midi libre 29 juin 2016)
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