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Quels seront les impacts, potentiels ou avérés, du changement climatique ?

Forêt


 

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© Olivier Prohin - PNC

 

Le changement climatique est un phénomène inédit dont il est difficile de mesurer et d’anticiper l’ampleur des conséquences sur le territoire. S’il est certain que les forêts seront impactées, leur capacité d’adaptation est encore peu connue.

 

En 2020, un cahier thématique commandé par le Parc présentait les évolutions climatiques passées et celles à venir au cours des 50 prochaines années. Selon les prévisions, issues de modélisation, la hausse des températures ne fait aucun doute. Une forte progression des vagues de chaleur est annoncée, comme l’augmentation du nombre de « nuits tropicales ». À l’inverse, le nombre de jours de gel continuera de fondre significativement, tout comme le manteau neigeux sur les sommets. Les projections concernant les précipitations sont plus incertaines en termes de cumul annuel, mais leur répartition devrait changer, en raison de l’augmentation des sécheresses estivales. Les épisodes cévenols risquent quant à eux de gagner en fréquence et en intensité.

 

Quels impacts sur l’arbre et la forêt ?

 

On observe déjà que sur le versant sud du mont Lozère, les premières feuilles des hêtres apparaissent en moyenne 19 jours plus tôt qu’en 1980. Outre le débourrement précoce, qui rend les arbres plus sensibles aux gelées tardives et aux chutes de neige lourde printanière, les hivers plus doux peuvent aussi provoquer un retardement de la chute des feuilles. Ils pourraient aussi perturber la levée de dormance des bourgeons et des graines.


Les sécheresses prolongées sont, quant à elles, une source de « stress hydrique » pour les arbres, ce qui peut provoquer la chute prématurée des feuilles, l’arrêt de la circulation de la sève, de la photosynthèse et de la croissance, voire la mort de l’arbre ou d’une partie de son branchage. Elles rendent ainsi les arbres plus vulnérables, notamment face aux ravageurs. Leur répétition peut aller jusqu’à provoquer le dépérissement de certains peuplements forestiers. Enfin, le risque d’incendie augmentera inévitablement sur notre territoire. D’une manière générale, le changement climatique fera évoluer les aires de répartition des essences, qui migreront vers le nord et à une altitude supérieure.

 

 

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© Olivier Prohin - PNC

 

 

Des essences fragilisées ou avantagées

 

Le diagnostic de vulnérabilité élaboré en 2022 dans le cadre du projet Natur’Adapt (démarche d’adaptation au changement climatique du Parc national) met en évidence des impacts du changement climatique différents selon les essences. Si l’Épicéa commence déjà à dépérir par endroit, la hêtraie-sapinière sera surtout vulnérable aux altitudes les plus basses. Les peuplements de Pin noir et de Pin laricio, souvent monospécifiques (composés d’une seule essence), risquent d’être particulièrement sensibles aux ravageurs et aux maladies. Le Pin sylvestre, présent naturellement sur le territoire (c’est une essence autochtone) est sensible aux fortes chaleurs et aux sécheresses, mais grâce à sa diversité génétique, il présentera probablement une meilleure capacité d’adaptation. La rusticité du Pin de Salzmann devrait lui conférer un avantage certain, sous réserve qu’il soit favorisé par la sylviculture. Le Pin maritime devrait quant à lui poursuivre son expansion

Souvent évoqué, le Châtaignier est un cas particulier. Des dépérissements importants sont déjà constatés depuis plus d’une dizaine d’années. Selon Baptiste Algoët, responsable du pôle Forêt-Chasse au Parc, « outre les problèmes sanitaires (chancre, cynips, etc.), de nombreuses châtaigneraies sont d’anciens vergers, principalement implantés dans des zones où l’espèce n’est naturellement pas adaptée à la station (altitude, exposition, profondeur de sol, etc.). Le passage de vergers entretenus (voire irrigués) à des peuplements forestiers majoritairement non gérés participe à leur déclin». Le dérèglement climatique va aggraver cette situation.
 

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Les forêts remplissent plusieurs fonctions essentielles

 


Économiques : elles produisent du bois et alimentent en matériau renouvelable une vaste filière dont dépendent de nombreux emplois.
Sociales : fréquentées par de nombreux usagers (randonneurs, cyclistes, chasseurs, cueilleurs de champignons, etc.), elles structurent nos paysages, abritent des richesses culturelles et nous procurent de l’ombre.
Environnementales : elles constituent des « réservoirs » de biodiversité et, en stockant du carbone, atténuent l’ampleur du changement climatique.
De protection : elles régulent le cycle de l’eau, préservent la qualité de l’air, protègent les sols et les infrastructures contre l’érosion, les inondations, les chutes de blocs et les glissements de terrain.

 

 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle s'intéresse aux impacts potentiels du changement climatique sur la forêt.

Vous pouvez le télécharger en cliquant ICI