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Quelle place pour la libre évolution dans les forêts du territoire ?

Forêt

 

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Arbre d'intérêt écologique dans un îlot de senescence © Mathieu Baconnet

 

Sauvegarder les réservoirs de nature. Afin de préserver des milieux forestiers et les espèces remarquables qu’ils abritent, la charte du Parc prévoit le développement d’une « trame de vieux bois », c’est-à-dire d’un « réseau » de forêts, de peuplements et d’arbres soustraits à l’exploitation forestière.

 


Si la charte du Parc national promeut la valorisation de la forêt par la production (en conservant son caractère naturel), elle prévoit également la préservation de milieux forestiers. En ce sens, 9 584 ha de forêt « à vocation de libre évolution », dont une majorité en cœur de Parc, ont été identifiés sur le territoire afin de préserver le fonctionnement naturel des écosystèmes forestiers remarquables. 

Ces forêts, qui ont vocation à être exemptes de toute coupe de bois, ont été cartographiées en concertation avec l’ONF, les collectivités et les propriétaires/gestionnaires privés volontaires, selon plusieurs critères : la présence d’habitats naturels ou d’espèces remarquables, d’ensembles homogènes de surface importante, le caractère naturel et la maturité des peuplements, l’ancienneté de la forêt (continuité de l’état boisé depuis 1850) et des enjeux de production limités. À ce jour, la libre évolution a été actée pour près de la moitié de ces forêts, dont 508 ha appartiennent à l’établissement public du Parc.

Des îlots de sénescence

À plus petite échelle, la libre évolution d’un peuplement peut prendre la forme d’un îlot de sénescence, généralement d’une surface de quelques hectares. Ces îlots permettent de conserver des « réservoirs de biodiversité » au sein d’une forêt gérée (exploitée). Laissés en vieillissement naturel, sans coupe ou travaux, ils favorisent l’apparition de gros et très gros bois ainsi que du bois mort sur pied et au sol. 

Ces îlots sont des habitats refuges pour une plus grande biodiversité, notamment les espèces saproxyliques (se nourrissant de bois mort). On estime en effet qu’environ un quart de la biodiversité forestière est dépendante du bois mort ou des arbres dépérissants. La création d’un réseau d’îlots de sénescence répartis sur les forêts du territoire permet ainsi le déplacement de ces espèces ayant souvent une capacité de dispersion limitée, afin d’assurer leur pérennité et un brassage génétique.

 

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Chablis de hêtre dans un îlot de senescence © Mathieu Baconnet


 

Le territoire du Parc compte 472 îlots de sénescence en forêt publique, ce qui représente 1 621 ha, les trois quarts se trouvant en cœur de Parc. En revanche, ils sont encore peu nombreux en forêt privée. Jean-Claude Boulet est l’un des rares propriétaires à avoir mis en place cette mesure de gestion dans sa forêt, située en aire d’adhésion et en zone Natura 2000, à Ispagnac. Sur 60 hectares, peuplés de chênes, châtaigniers et pins noirs, une quinzaine ont été placés en îlot de sénescence lors de l’élaboration de son plan simple de gestion (PSG), il y a 3 ans. « L’îlot se trouve sur la partie basse de la forêt, sur un terrain très pentu et peu accessible en bordure du causse de Sauveterre. Il n’y a pas d’enjeu de production sur cette zone. J’ai souhaité lui donner une valeur environnementale. C’est un engagement pour l’avenir ». En amont de l’élaboration du PSG, un diagnostic écologique réalisé par les agents du Parc avait permis d’identifier des peuplements anciens, des arbres remarquables et des lichens rares.

 

L’arbre, un habitat

 

Le plus petit niveau de la trame de vieux bois est l’arbre d’intérêt écologique ou «arbre-habitat ». Qu’il soit vivant et sain, dépérissant, mort sur pied, ou au sol, c’est un précieux allié pour la biodiversité. Ces arbres présentent souvent ce qu’on appelle des « dendromicrohabitats » : des cavités, des écorces décollées, des loges de Pic, des fentes, des branches mortes, une quantité importante de mousses, de lichens, des champignons…. Ces « micro-habitats » abritent généralement une biodiversité extrêmement riche, et souvent insoupçonnée. S’il n’existe pas de valeur seuil réglementaire, le Parc et ses partenaires recommandent de conserver environ 6 arbres d’intérêt écologique par hectare au sein des parcelles gérées. 


Le développement d’une trame de vieux bois bénéficie à l’ensemble de la forêt, car en augmentant la biodiversité présente, elle améliore le fonctionnement global des écosystèmes forestiers : lutte contre les ravageurs, recyclage de la matière organique, rétention de l’eau, pollinisation, ensemencement... Autant de «mécanismes» indispensables au bon état de la forêt, qui sont également des gages d’une meilleure résistance et résilience face au changement climatique !

 

 

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Jouons à Forêts vivantes !

 

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Développé par le Centre National de la Propriété Forestière et le Parc, le jeu de plateau Forêts vivantes, réalisé grâce au soutien financier de l'Office Français de la Biodiversité, permet aux joueurs d’endosser le rôle de propriétaires forestiers. Ils sont invités à gérer des parcelles forestières en y réalisant différents types d'actions (plantation, régénération, développement des arbres, coupe). Et puisque la nature a ses règles, parfois, des espèces animales ou végétales se présenteront à la forêt et pourront, ou non, y être accueillies. Ce jeu est un outil pour accompagner les échanges avec les propriétaires forestiers ou les scolaires qui voudront prolonger une sortie en forêt, d'une autre manière.

 

 

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Cet article est extrait du dernier numéro du magazine du Parc de serres en valats. Son Grand angle s'intéresse aux impacts potentiels du changement climatique sur la forêt.

Vous pouvez le télécharger en cliquant ICI