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Nos 5 conseils pour tailler son châtaignier

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© BOUISSOU Arnaud / TERRA Ministère de l'Environnement

Présente sur 35 000 ha dans les vallées cévenoles, la châtaigneraie fait partie intégrante du territoire.

Sa fonction principale est la production de fruits, mais elle a aussi un intérêt pour l’élevage (nourrir les animaux), l’apiculture (miel de châtaignier), les paysages, le tourisme et le développement territorial.

Aujourd’hui menacée par le dépérissement, en partie dû au manque d’entretien et au réchauffement climatique, le Parc s'engage aux côtés des collectivités, des professionnels et des habitants notamment à travers des sessions d'échanges et de partage de bonnes pratiques.

A la suite de la formation "taille des châtaigniers" qui s'est déroulée à Aumessas le 20 mars, nous vous proposons un condensé des conseils pour réussir la taille de ses châtaigniers !

 


Conseil n°1 : privilégier les rameaux de l'année précédente

Pour une bonne production fruitière, il faut garder en tête que les fruits sont produits sur les rameaux de l'année précédente.

Ce sont donc ces derniers qu'il faut favoriser, par l’arcure* des charpentières* par exemple.

*Arcure : technique utilisée en arboriculture fruitière consistant à favoriser, par la taille, le développement horizontal des branches des arbres fruitiers de façon à stimuler la production de fruits grâce à une meilleure diffusion de la sève vers les boutons à fruits.

* Charpentières : les branches "charpentières" d'un arbre sont celles qui partent directement du tronc de celui-ci. Ce sont celles qui structurent l'arbre et d'où partent toutes les branches secondaires.

 

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A retenir : les fruits sont produits sur les rameaux de l'année précédente ! © BOUISSOU Arnaud / TERRA Ministère de l'Environnement

 

 

Conseil n°2 : favoriser l'ouverture du houppier

De manière générale, il faut favoriser une ouverture du houppier* et l'apparition de rameaux latéraux.

Les gourmands* (rameaux jeunes verticaux) tirent la sève vers le haut et empêchent cette ouverture. Il faut donc les supprimer.

* Houppier : partie d'un arbre constituée d'un ensemble structuré des branches situées au sommet du tronc.

* Gourmands : rameaux jeunes verticaux

 

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Source : Larousse

 

 

 

Conseil n°3 : faire en sorte que la sève soit répartie de manière homogène

Toujours bien réfléchir à la structure de l'arbre et à ce que la sève soit répartie de manière homogène dans l'ensemble du houppier.

Ainsi, il faudra faire en sorte que les charpentières soient au même niveau et être à attentif à supprimer la verticalité de l'arbre.

 

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L'horizontalité doit être privilégiée © BOUISSOU Arnaud / TERRA Ministère de l'Environnement

 

 

Conseil n°4 : être au chevet des arbres vieux ou malades

Un arbre malade ou vieux a encore toute son utilité et il serait dommage de l'abandonner à son sort !

Pour commencer, vous pouvez couper les branches mortes et supprimer au maximum les branches atteintes du chancre*. Il faudra évacuer les branches malades du terrain, pour éviter la propagation du champignon, et désinfecter les outils à l'alcool entre chaque utilisation.

Des souches hypovirulentes* de chancre existent, qui permettent de réfréner le développement de cette maladie. Il est possible d'en faire la demande auprès de l'association "la châtaigneraie cévenole" (chataigneraiecevenole@gmail.com)

Pour les parties malades ou qui ont besoin de cicatriser, une "mixture" constituée à 2/3 d'argile, et 1/3 de bouse de vache fraîche permettra de créer un enduit protecteur. Certains y ajoutent même des huiles essentielles.

N'oubliez pas : "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir" ! Il faut toujours rester optimiste quand on a des vieux châtaigniers en mauvais état.

* Chancre : lésion nécrosée du tissu ligneux externe d'une plante causée généralement par une attaque bactérienne ou de champignons. Le chancre du châtaignier ou endothiose est quant à lui causé par un champignon parasite qui se propage par transport de mycélium et de spores. La contamination sur l'arbre se fait par des plaies dûes à la taille, au greffage, aux branches cassées...Le chancre se développe jusqu'à provoquer l'interruption de la circulation de la sève ce qui entraîne la mortalité de la partie située au dessus. Sa propagation a failli faire disparaître les châtaigneraies du sud de la France.

*Hypovirulence : Phénomène naturel qui est l'expression d'une virulence réduite. En effet, on peut observer dans la nature des chancres très étendus progressant en surface et ne paraissant pas mettre en péril la vie de la branche contaminée.

 

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Attaque du chancre sur un châtaignier américain (espèce la plus sensible) © Daderot via Wikimedia Commons

 

 

Conseil n°5 : soigner sa taille

La taille se réalise de préférence durant l'hiver, une fois que les fruits sont tombés.

Avant de tailler une branche, il est important de la "soulager" c'est-à-dire de tailler grossièrement la partie qui doit être enlevée, puis de tailler plus précisément au niveau du bourrelet de la branche. Cela permet d'éviter les déchirures de l'écorce.

De même, les rejets au niveau de la souche doivent être taillés le plus à ras possible pour éviter l'apparition de nouveaux rejets.

Pensez également à la technique qui prévaut pour la taille de tous types d'arbres : comment se placer, utiliser une scie ou une tronçonneuse de manière efficace... Vous trouverez de nombreux tutos sur internet !

Et enfin, il faut garder à l'esprit qu'une "action châtaigneraie" doit être poursuivie plusieurs années pour porter ses fruits.

 

Formation taille des châtaignier à Aumessas le 20 mars

 

Un dernier conseil : rien ne vaut une formation dans la vraie vie !

Malgré la pluie, ils étaient une douzaine de participants à avoir bravé la météo pour venir assister à la journée d’échange sur la taille du châtaignier qui s'est tenue dimanche 20 mars à Aumessas, dans la châtaigneraie de l’Airolle.

Cette formation était organisée et prise en charge par le Parc national des Cévennes, avec l’aide de la Mairie d’Aumessas.

 

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Les participants se sont mouillés pour l'avenir des châtaigniers ! © Viviane de Montaigne - Parc national des Cévennes

 

La châtaigneraie de l’Airolle est une propriété du Parc national des Cévennes, non loin du village d'Aumessas.

Les agents du parc y ont planté il y a quelques dizaines d’années, des variétés locales de châtaigniers, originaires du bassin méditerranéen.

Aujourd’hui, les arbres ont besoin d’une bonne remise en état. Une bonne occasion pour faire profiter à tous des savoir de Sylvie Dupart, de l’association du Filon Vert.

Élagueurs, castanéiculteurs ou propriétaires de châtaigneraies ont participé à cette journée riche malgré son humidité.

Les techniques de greffage ont également été évoquées, rapidement et sans approfondissement.

Une autre journée sera dédiée à cela sur Aumessas, portée directement par le Filon Vert et le producteur, le week-end du 24 avril.

 

Viviane de Montaigne,

Chargée de mission agri-environnement au Parc national des Cévennes.

 

 

Pour aller plus loin :