En Europe, 84% des espèces végétales cultivées et 80% des espèces végétales sauvages dépendent des pollinisateurs. Sans les papillons, abeilles et autres bourdons, plus de pommes, de tomates ou de courgettes.
Or l’heure est à l’action car, depuis 2010 on estime que la population globale d’insectes dans le monde a chuté de 41%. Et les pollinisateurs sont bien sûr concernés.
La bonne nouvelle c'est que nous pouvons agir ensemble ! Parmi les nombreuses actions possibles, la plantation de haies mellifères comme cela s'est fait à l'échelle du Parc national des Cévennes avec les agriculteurs en 2022 et les communes en 2023.
Vous souhaitez faire partie de l'aventure et ajouter votre haie aux 20km déjà plantés dans le Parc ?
Voici quelques conseils !
Conseil n°1 : choisir sa haie selon ses objectifs
Au delà de leur intérêt pour les pollinisateurs, les haies présentent de nombreux avantages (effet brise-vent, stabilisation du sol, corridor écologique…).
Plus la haie sera large et plus elle sera fonctionnelle et accueillante pour la biodiversité.
Une haie peut être simple rang ou double rang :
- Si l’ombre ou l’effet brise-vent est recherché, privilégiez une haie sur un rang avec de grands arbres et des arbrisseaux.
- Si vous souhaitez lutter contre l’érosion du sol et les inondations, une haie double rang avec de grands et petits arbrisseaux est recommandée.
- Et si vous souhaitez allier l'utile à l'agréable, pensez aux haies fruitières avec des petits arbrisseaux ! Les jeunes plants de moins d’un an peuvent être greffés pour produire des fruits consommables.
Conseil n°2 : choisir une diversité d’essences locales
Il est important de privilégier des essences ayant une origine génétique locale et laisser s’exprimer les plantes sauvages naturellement présentes dans le sol.
La marque “végétal local” garantie ces critères et permet d’avoir des plants adaptés aux conditions locales (climat et sol).
A savoir également :
- les jeunes plants de moins de 3 ans auront une meilleure reprise !
- pour apporter de la ressource tout au long de l’année pour les pollinisateurs, veillez à choisir au moins 6 essences qui ont des périodes de floraisons complémentaires.
- les essences à floraison précoce ou tardive sont à favoriser.
- observez votre terrain et les alentours. Les essences déjà présentes donne une indication de celles que vous pourrez choisir pour composer votre future haie.
Vous habitez dans le Parc national des Cévennes ? Nous avons préparé une liste des essences recommandées sur notre territoire avec leurs principales caractéristiques !
Vous pouvez la télécharger en cliquant sur ce lien.
Conseil n°3 : bien planifier l'ensemble du projet
Le calendrier ci-dessous, confectionné par la société coopérative et participative Agroof, donne une indication sur les étapes à prévoir dans un projet de haies :
Et voici quelques conseils additionnels :
- Printemps/été :
Faire des observations sur le terrain pour visualiser l’emplacement de la future haie, passer la commande des essences auprès d’une pépinière locale.
Anticiper les chantiers tels que la pose d’une clôture de protection et se renseigner si nécessaire sur les limites de propriétés. Par exemple, une haie de plus de 2 m de hauteur doit être plantée à au moins 2 m de la limite de propriété. (50 cm pour les haies inférieures à 2 m de hauteur).
Et prévoir si possible une largeur de 4 m pour permettre à la haie de se développer.
- Automne :
Préparer le sol en réalisant un désherbage mécanique sur 2 à 3 m de large et ameublir le sol sans apport d’engrais (80 cm de profondeur).
Un piquetage peut être réalisé pour visualiser la future ligne de plantation (dérouler un ruban décamètre).
Les arbres de haut jets doivent être espacés de 8 m. Cet espace peut être comblé par des arbustes espacés d’1 m de distance.
- Hiver :
C'est le moment de planter ! À cette période, la météo permet de stimuler la croissance de l’arbre. Évitez toutefois les périodes de gel et de grand froid.
Conseil n°4 : ne pas se planter
Vous l'aurez compris, pour passer à l'action il faut que les conditions soient réunies.
- Si elles ne sont pas favorables, (ex : sol gelé) ne laissez pas vos plants plus de 24h à l'air libre.
Ils risqueraient de ne pas survivre à cette épreuve. Il faut procéder à ce que l'on appelle une "mise en jauge".
Pour cela, creusez une fosse de 30 cm de profondeur, inclinez vos plants à 45° et recouvrez de sable la partie basse (à l’abri du vent exposé ouest ou sud-ouest).
Les plants peuvent rester en jauge plusieurs semaines mais il faut veiller à les hydrater si nécessaire.
Si vous les avez reçus dans des godets, les ranger hors sol et les abriter en veillant à les hydrater si nécessaire.
- Si les conditions sont favorables : passer à l'action !
Il vous faudra alors :
- creuser 2 fois le volume des racines.
- orienter les racines vers le bas pour les plants en godet.
- couper les extrémités des racines trop longues ou endommagées.
- introduire jusqu’au collet le plant (racine nu) dans un mélange (appelé pralin) : ⅓ eau ⅓ terre argileuse et ⅓ bouse de vache.
- le collet du plant doit être au niveau du sol et les racines bien étalées.
- combler avec la terre émiettée et réaliser un bon premier arrosage (5 à 10 L par plant). Ne pas arroser en continu (cela fragilise le plant et crée une dépendance).
Pour les linéaires importants : et si vous organisiez un chantier collectif ?
Une bonne organisation vous permettra d'allier efficacité et fluidité en constituant des groupes de 3 ou 4 personnes. :
- un coordinateur
- une personne qui met les plants dans le pralin et les distribue
- une personne qui fait les trous de plantation
- une personne qui met les protections
Conseil n°5 : Protéger et entretenir votre haie
Protéger ses plants fraichement plantés est essentiel et quelques précautions vous éviteront des déconvenues :
- Poser des gaines. Les hautes (1,20 m) protégeront vos plants des cervidés et les basses (80 cm) des rongeurs. Ces protections pourront être maintenues par 2 tuteurs. Positionner les tuteurs selon l’axe du vent dominant afin d’éviter l’effet voilure. Faire un ourlet au sommet du manchon pour éviter que le bord cisaillant abîme les plants.
- Pailler. Les paillages naturels (copeaux de bois, feuilles mortes) ou des dalles de géochanvre (paillage biodégradable) pendant les 3 premières années permettront à vos plants de résister au froid et de retenir l'humidité. N'hésitez pas à pailler sur 1 m de large.
- Entretien. Les 3 premières années nous vous conseillons de désherber manuellement pour enlever les adventices. Proscrire l’épareuse car cela pourrait endommager vos plants de manière irréversible.
- Taille. Uniquement lorsque la haie devient gênante ! A réaliser 10 cm plus loin que lors de la taille précédente et au bout de 5 à 10 ans, réaliser une taille plus sévère puis recommencer le cycle. En hiver, pour les haies de moins de 12 ans vieillissantes ou endommagées, rabattre à 15 cm du sol pour permettre la repousse de jeunes rejets au printemps (sauf pour les cerisiers qui n'apprécient pas le rabattage).
Un dernier conseil qui va de soi : le plus important est bien sûr d'observer l'évolution de votre haie et de faire confiance à votre instinct. L'objectif est qu'elle se densifie avec le temps pour remplir toutes les fonctions qu'elle est capable de nous offrir !
Et si vous êtes plutôt du genre à laisser la nature faire son travail, n'hésitez pas à consulter notre article sur les haies spontanées !
Illustrations :
Les dessins qui illustrent cet article ont été réalisés par Julien Norwood dans le cadre du programme pollinisateurs du Parc national des Cévennes.
