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Mieux connaître les zones humides du Parc national

Les tourbières et les prairies humides forment une mosaïque complexe de milieux interconnectés et évoluant dans le temps. Ces zones humides abritent une exceptionnelle biodiversité.  

 

 

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© Eric Dessoliers

 

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Les tourbières hautes

 

Les tourbières hautes sont bombées et dépendent surtout de l’eau provenant des précipitations. On y trouve des buttes de sphaignes (mousses des tourbières), qui poussent par le haut (croissance apicale). La partie basse, composée de cellules mortes, s’accumule sans se dégrader. La formation de buttes permet aux sphaignes de retenir l’eau de façon optimale et d’éviter la pénétration de l’air, ce qui empêche la dégradation de la tourbe par les champignons et les bactéries. Ces tourbières constituent un refuge d’espèces à haute valeur patrimoniale comme la drosera. D’autres espèces comme la Canneberge, la Callune, la Molinie et des mousses peuvent être présentes sur les buttes.

 

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Les tourbières de transition et les bas marais

 

Les étendues d’eau ou les trous d’eau (gouilles) progressivement comblés par les sphaignes sont qualifiés de tourbières de transition.
Les zones inondées où les sphaignes s’accumulent au sol, souvent au niveau de résurgence de sources, sont des tourbières basses ou bas marais. Une strate herbacée assez basse de plantes à feuilles fines y est souvent présente : linaigrettes, laîches, joncs.
 

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Les prairies humides

 

Elles peuvent être dominées par des plantes en touffes comme les joncs (voir photo ci-contre), la Canche cespiteuse, la Molinie bleue ou le Nard raide. Elles sont présentes sur des milieux moins engorgés en eau. Elles remplacent parfois d’anciennes tourbières, notamment celles qui ont été piétinées, drainées, enrichies en azote ou brûlées. Elle peuvent abriter des espèces patrimoniales comme la gentiane pneumonanthe et l’azuré des mouillères, qui lui est associé. 

En photo ci dessous : Prairie à canche cespiteuse, Nard raide et Renouée bistorte

 

 

La tourbe

 

L’accumulation de tourbe n’a lieu que quand la matière organique végétale est produite plus rapidement qu’elle ne se décompose. 

L’absence d’oxygène causée par la présence permanente d’eau empêche la dégradation de la matière organique. La tourbe est composée de l’accumulation de cette matière végétale peu ou pas dégradée. 

Une tourbière vit donc par son alimentation en eau ! Le bilan hydrique est positif quand les apports d’eau par les précipitations, le brouillard, les sources, sont supérieurs aux pertes par évaporation et transpiration.

 

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Carotte de tourbe © Nadine Boulant - PNC

 

 

Sur le mont Lozère, on peut trouver jusqu’à 3 m d’épaisseur de tourbe ! Cette dernière s’accumule pourtant très lentement, entre 0,2 et 1 mm par an.

 

Une mosaïque de milieux en évolution

 

Sources, gouilles, cours d’eau, buttes de sphaignes, bas marais et prairies humides sont souvent présents dans un même site, interconnectés et dépendants les uns des autres. Ils forment une mosaïque complexe de milieux et de microhabitats auxquels se sont adaptées différentes espèces.
Ce sont également des milieux qui évoluent dans le temps, en fonction de la succession végétale naturelle, de l’évolution des conditions climatiques et des perturbations d’origine humaine ou autre.


 

Espèces indicatrices

 

Photos ci-dessous : les linaigrettes, Laîche étoilée, Laîche pauciflora, la Gentiane pneumonanthe, le Lycopode inondé, la Drosera à feuilles rondes, l'Azuré des mouillères, le Lézard vivipare, la Vipère péliade, le Pipit farlouse et la Grenouille rousse.

 

Sphaignes et autres mousses

 

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 Sphaignes © Hervé Picq - PNC

Reines des tourbières, on dénombre 24 espèces différentes de sphaignes dans le Parc national des Cévennes ! 

Chacune est adaptée à des conditions différentes, notamment d’humidité, d’ensoleillement, d’acidité et de teneur en éléments minéraux.
 

En haut des buttes on trouve souvent des sphaignes rouges assez petites et denses, pigmentées pour se protéger du soleil et tolérantes à un certain niveau de dessication. 

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Splachnum ampullaceum © Emeric Sulmont - PNC

 

Dans les bas marais on retrouve surtout des sphaignes assez grandes, vertes ou brunes, au capitulum (la partie haute de la sphaigne) assez plat, avec un aspect un peu flasque.
Véritables éponges, les sphaignes ont des cellules mortes spécialisées dans le stockage de l’eau, qui leur permettent d’accumuler plusieurs dizaines de fois leur poids en eau !

Seule la partie apicale (en haut de la plante) est vivante. La partie basse des sphaignes est morte et l’accumulation de cette matière crée la tourbe. On trouve beaucoup d’autres mousses dans les tourbières ! 

Par exemple, Splachnum ampullaceum et Tayloria tenuis sont deux espèces rares que l’on ne trouve que dans des milieux tourbeux pâturés, car elles se développent sur les vieilles bouses de vaches !

 

 

Pour aller plus loin :