Elle avait déjà été observée une première fois dans le Parc en 2020 dans le cadre d'un Atlas de la Biodiversité Communale à Val d'Aigoual et par Bertrand Schatz, chercheur au CEFE CNRS, à Camprieu (2020) et au Vigan (2021).
Une nouvelle observation vient d'être réalisée à Florac-Trois-Rivières dans l'un des hôtels à insectes installés dans la cour du château du Parc.
En 2021, deux hôtels à insectes ont été réalisés par l’école élémentaire de Florac-Trois-Rivières dans l’objectif d’offrir aux pollinisateurs un lieu pour pouvoir se reproduire et un refuge pour passer l’hiver.
Un an plus tard, en septembre 2022, Jordi Soliveres, volontaire en service civique au sein du Parc national des Cévennes, y a observé une nidification relativement caractéristique : un nid d’abeille sauvage recouvert d’un capuchon de résine. Pour lui qui l'avait étudié dans le cadre de son stage au sein du Biodiversarium de Banyuls-sur-Mer cela ne faisait aucun doute : il s’agissait d’un indice de présence de l’abeille résinière géante (Mégachile scupturalis).
" Au vu de l'étendue de l'espèce au niveau régional, il était surprenant qu'une seule observation ait été recensée sur le territoire du Parc. Lorsque j'ai découvert ce nid dans l'hôtel à insecte j'ai tout de suite pensé à cette Mégachile. C'est une donnée importante car elle fait partie des espèces exotiques à surveiller." confie Jordi.
Une abeille exotique solitaire
Observée pour la première fois sur le territoire français en 2008, à Allauch (Bouches-du-Rhône), la Mégachile sculpturalis est originaire d’Asie, principalement de Chine, de Corée et du Japon.
Entre 2008 et 2021, elle a été observée en France dans 379 communes réparties dans 48 départements (Source : Observatoire des abeilles exotiques)
Sa répartition précise sur le territoire national est toutefois encore mal connue. Elle serait favorisée par un climat chaud méditerranéen et la présence de plantes à fleurs introduites depuis sa région d’origine.
Comme toutes les abeilles, elle se nourrit de pollen (source de protéines) et de nectar (source de sucres).
Entre 70 et 80 % (voire même 90% selon certaines études) de ces nectars sont issus de plantes Asiatiques, notamment les troènes (Ligustrum vulgare, une espèce de troène naturellement présente en Europe et des espèces exotiques du même genre, originaires d’Asie) ou sophoras (Sophora japonica, arbre ornemental originaire d’Asie) mais elle affectionne également les lavandes.
Elle pourrait entrer en compétition avec des espèces sauvages « locales » pour les ressources alimentaires comme l'abeille charpentière (Xylocopa violacea) qu'elle est également capable de chasser de son nid pour s'y installer.
Comment la reconnaître ?
Elle se reconnaît relativement facilement à sa grande taille et à son corps noir avec une pilosité rousse sur le thorax. Autre particularité, elle présente des sacs polliniques non pas sur les pâtes, mais sur l’abdomen (brosse ventrale). Le mâle arbore une petite moustache au niveau de la tête.
Sa période de vol peut s’étendre de mai jusqu’à septembre.
Deuxième plus grande espèce d'abeille en France, sa longueur est d'environ 19 à 22 mm chez les mâles, 21 à 25 mm chez les femelles et son envergure environ 3,5 cm.
Des nids en résine caractéristiques
La Mégachile sculpturalis nidifie dans des trous creusés dans le bois mort, les vieux arbres ou les tiges creuses.
Les cellules larvaires et le bouchon terminal sont construits en résine (de conifères ou d’érable par exemple) et parfois garnis de divers matériaux, tels que des petits morceaux de bois, de paille, de coton ou des pétales de fleurs.
Comment prévenir son installation dans les hôtels à insectes ?
Si vous avez un hôtel à insecte ou pensez en installer un, il est important d'y insérer des tiges creuses d’un diamètre inférieur à 8 mm pour limiter l'expansion de l'espèce.
En effet, cette abeille étant de grande taille, elle ne peut nidifier que dans des tiges creuses supérieures à ce diamètre.
L’application de cette mesure simple a permis de très fortement réduire la présence de cette espèce à Marseille, où elle représentait jusqu’à 50% des abeilles sauvages émergeant des tiges creuses de ces hôtels à insectes.
Appel à données
Cette grande abeille est donc relativement facile à identifier et une photo suffit en général à confirmer son identité.
Chacun peut donc participer à l’acquisition de données !
Vous habitez sur le territoire du Parc national des Cévennes ?
Nous avons besoin de vous pour nous aider à avoir plus de données sur la présence de l'abeille résinière géante. Si vous l'observez ou parvenez à identifier son nid, envoyez-nous vos photos et le maximum d'informations (lieu de prise de vue, date, plantes visitées...) à jordi.soliveres@cevennes-parcnational.fr
Nous pourrons ainsi ajouter vos observations à celles réalisées par nos agents qui surveillent son expansion.
Vous pouvez également envoyer vos données à l’observatoire des abeilles exotiques en France qui incite à une science participative.