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L'Orchis géant, une orchidée qui se répand au bord des routes

Flore

Alors qu'on associe les orchidées aux grands espaces sauvages, la nature nous prouve une fois de plus ses formidables capacités d'adaptations !

 

Le printemps tarde à s’installer en ce début du mois d’avril et l’Orchis géant (Himantoglossum robertianum) est encore en pleine floraison !

Il est d’habitude beaucoup plus précoce, habitué à fleurir dés le mois de février et même parfois début janvier les hivers très doux. 

Proche cousine de la plus célèbre Orchis bouc (à l’odeur de bouc étonnante), l’Orchis géant arbore une fleur composée d’un pétale principal (le labelle) qui a un peu la forme d’un pantin rose avec une veste aux manches ondulées. Les autres pétales forment un casque vert lavé de rose qui coiffe le personnage.

 

 

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Orchis géant et sa fleur antropomorphe © Emeric Sulmont - Parc national des Cévennes

 

Cette grande plante robuste était protégée jusque dans les années 80 puis déclassée en raison de son expansion rapide vers le nord.

Elle est plutôt typique des pelouses des garrigues avec une prédilection pour les plantations d’oliviers enherbées.

L’Orchis géant peut aussi se contenter de pelouses de bord de route où, en raison de sa floraison précoce, il a largement le temps de fleurir et de grainer avant les premières fauches.

On le retrouve aujourd’hui au milieu des grandes pelouses des échangeurs d’autoroute jusque dans la région lyonnaise, et il a récemment été observé en région parisienne.

C’est ainsi qu’en 2021, il a été observé pour la première fois au bord d’une route à Ponteils-et-Brésis, au cours d'une prospection menée par le Parc National des Cévennes pour l’élaboration d’un Atlas de Biodiversité Communale.

En Cévennes, il n’était connu au début des années 2000 que sur le piémont calcaire cévenol de Saint Paul le Jeune en Ardèche jusqu’au Vigan en passant par Aujac et Saint Jean du Gard.

Puis les premières observations sur le versant atlantique ont été signalées en 2010 à Florac, Ispagnac et Rousses. Depuis, chaque année, l’espèce « conquiert » de nouvelles communes.

L’Orchis géant préférant nettement les terrains calcaires (espèce calcicole), on ne le trouve en bordure de route que sous certaines conditions, notamment dans les communes schisteuses ou granitiques, la chimie du sol des bords de route étant largement influencée par les apports de graviers calcaires.

 

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© Jean Tosti - Wikimedia Commons

 

L’Orchis géant a aussi fait ses premières apparitions sur un bord de route à St André de Valborgne en 2018 et à Ventalon en Cévennes en 2021 et probablement dans bien d’autres communes où vous l’avez peut-être observée.

De nombreuses autres orchidées réputées « calcicoles » égayent les routes des Cévennes siliceuses : orchis, céphalanthères, limodore, ophrys, épipactis…

Comme une invitation à la contemplation et, pourquoi pas, à retarder la fauche des bords de route !

 

Emeric Sulmont,

Garde-moniteur sur le massif du mont-Lozère

 

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