Un des objectifs de cette sortie était d’explorer une vaste zone entre Cros-Garnon et Usclat. Les rochers dolomitiques d’Usclat qui ressemblent fortement à un petit « Nîmes-le-vieux » avaient déjà été visités à plusieurs reprises par le passé...
[ Entre Cros-Garnon et Usclat, Vébron (48), le 20 mai 2021 ]
Dès le début de la journée, nous trouvons un cortège très riche et typique des corniches caussenardes : Saxifrage des Cévennes, Daphné des Alpes, Daphné camélée, Drave faux Aïzoon, Gaillet à aspect de mousse (Galium pusillum).
Les pelouses alentours révèlent aussi le Seneçon de Gérard et la Serratule à tige nue (Klasea nudicaulis) et un débat s’est ouvert sur l’identité exacte des pulsatilles caussenardes, entre feuilles fortements cilées et coloration de la corolle tirant ou non sur le rouge bordeau ou le poupre, il n’est pas aisé de trancher entre : Pulsatilla vulgaris var costeana et Pulsatilla rubra var. serotina (réputée plus tardive).
Plus étonnant: la présence de deux espèces plus typiques des pelouses sommitales du Mont Lozère : la patte de chat (Antennaria dioica) et le lichen des Islandais (Cetraria islandica).
Sur le chemin qui mène de Cros-Garnon à Usclat, nous comptabilisons une dizaine de stations de Genêt couché (Cytisus decumbens), une plante discrète proche du genêt pileux mais avec des pédoncules allongés tous du même côté. Il reste rare pour le Parc des Cévennes, concentré uniquement sur le Causse Méjean, mais aussi connu dans l'Aubrac hors Parc.
Quelques Pulsatilles des Causses (Pulsatilla vulgaris var costeana) encore en fleur égayent le trajet et nous nous attardons quelques instants sur un lichen jaune-orangé qui « encroûte » la plupart des sommets de clapas et de rocher : il s’agit de Xanthoria parietina qui illustre ici le phénomène d’ornithocoprophilie (le fait pour un organisme d’être tributaire de l’azote des déjections d’oiseaux pour se développer). En effet les traquets, rougequeues, et autres tariers apprécient tout particulièrement de se jucher (tout en se soulageant) sur le sommet des promontoires rocheux pour surveiller leur territoire.
Au cours de cette sortie, nous noterons également une station de Cotonéaster vulgaire (Cotoneaster integgerimus), nous froisserons quelques feuilles d’Inula montana (au parfum rappelant celui du cannabis !), nous nous délecterons du parfum des dernières fleurs du Daphne camélée (Daphne cneorum) qui rappelle celui des narcisses et puis admirerons les fleurs jaunes lavées de rose de la Gesse de Hongrie (Lathyrus pannonicus subsp adphodeloides).
J’espère que vous avez apprécié cette petite balade botaniste !
Au Parc, nous sommes convaincus que c’est en transmettant nos observations et nos découvertes que nous pourrons apprécier ensemble l’extraordinaire biodiversité du territoire. Alors surtout, n’oubliez pas, ces trésors sont fragiles et il est de notre responsabilité à tous de les protéger pour qu’ils puissent continuer à nous émerveiller !
[ Prochain épisode : Entre Cros-Garnon et Usclat ! ]
Pour aller plus loin :
- Les ABC, découvrir ensemble la biodiversité communale
- Biodiv Cévennes
- La flore du PNC
- La faune du PNC
- La réglementation en cœur de Parc
Les autres épisodes de la série "A la découverte de la flore du Parc" :
Saison 2
- Episode 1 : Le bois de Tessonne
- Episode 2 : La vallée de la Bournave
- Episode 3 : Bramadou
- Episode 4 : Entre Cros-Garnon et Usclat
- Episode 5 : La combe verte et la forêt du Cougnet
Saison 1
- Episode 1 : Col de Perjuret
- Episode 2 : la Brousse
- Episode 3 : marais du Presquier
- Episode 4 : lac des Pises
- Episode 5 : Fraissinet de Fourques et Gatuzières
Sauf mention contraire, les photos de cet article ont été prises par Emeric Sulmont - Parc national des Cévennes