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En itinérance, épisode 3 : l'Aigoual

Sarah, Victoria et Paul, étudiants à Sciences Po ont réalisé un stage inédit au sein du Parc national des Cévennes : une itinérance à pied depuis Villefort à la limite du département de l’Ardèche au Vigan à l'extrémité Ouest du département du Gard.

Vous avez pu retrouver le récit de leur voyage au jour le jour sur Instagram, en voici une version détaillée. 

 

EPISODE 3 : LE MONT AIGOUAL

 

aire de cote

 

rando

JOUR 13 : Cabrillac - Aire de côte

 

Nous partons tranquillement ce matin pour retrouver Sarah au hameau de Cabrillac.

Au programme aujourd'hui : du repos ! Après avoir rejoint les équipes du Parc, nous nous rendons à Aire de côte où nous allons passer la journée. C'est avec plaisir que nous échangeons avec Yannick Manche, chargé de mission eau du Parc,  à propos de la gestion de l'eau dans le Parc, de leurs techniques et de leurs projets scientifiques. L’occasion également de faire le point sur le grand plateau calcaire que nous venons de traverser… d’un point de vue géologique et hydrologique ! 

Nous découvrons également le gîte d'étape d'Aire de Côte situé au carrefour de nombreux GR tels que le GR7, le GR6 ou le GR66. Actuellement en rénovation, le site propose néanmoins une zone de bivouac où nous allons passer la nuit.

 

 

aire de cote
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Paul : "il va falloir composer avec la rareté de l'eau"

Ici, le changement climatique est déjà une réalité” Ces mots m’intriguent. Dans une aire préservée si vaste, séparée en plusieurs climats et plusieurs végétations par la ligne de partage des eaux entre Atlantique et Méditerranée, à première vue rien ne semble avoir vraiment changé. Oui mais, pas si on s’intéresse à l’eau. Sur le lieu emblématique d’Aire de Côte, celle-ci se fait rare nous prévient Yannick Manche, chargé de mission eau et hydrologue de formation.  Et il va falloir composer avec cette rareté.

C'est l'une des raisons pour lesquelles le Parc a mené une vaste étude hydrogéologique sur le Causse Méjean. Parmi les résultats, celui qui m'a le plus interpellé : une goutte d'eau qui tombe sur le Causse finit quasi inévitablement sa course dans le Tarn avant de rejoindre l'Atlantique 30 jours après sa chute.

Les propriétés physico-chimiques du calcaire sont passionnantes et Yannick est intarissable sur le sujet  ! Tout comme les paysages pour Eric, le chargé de mission Urbanisme et paysage du Parc, qui utilise le dessin pour éclairer le caractère des lieux. (Il nous a d'ailleurs "croqués", nous partagerons ce magnifique dessin dans notre récit complet)


Sarah : "une salamandre après l'orage"

J’ai pu rejoindre Paul et Victoria pour passer la journée à Aire de côte, mais nous n’avons pas pu échapper à la pluie. Celle-ci nous a juste laissé le temps de profiter de la vue en haut du belvédère avant que le soleil ne se cache pour de bon. Et oui, le printemps dans les Cévennes est certes magnifique, mais il a aussi son lot d’averses et d’orages. Heureusement, nous avons pu nous abriter dans la vieille bâtisse le temps que la pluie se calme.

C’est bien dans ces moments-là qu'on apprécie de trouver un abri ! Une fois au sec, il est tout de suite plus agréable d’apprécier le clapotis de l’eau sur les feuilles des arbres, l’odeur de la terre fraîche et de la mousse dans la forêt. La nature a réussi à nous convaincre de profiter du spectacle, et nous sommes ressortis pour nous trouver nez-à-nez avec une belle salamandre !

 

Victoria : "et si je troquais Paul contre un coéquipier aux grandes oreilles ?"

Parfois, j’ai l’impression d’être loin de tout, surtout lorsque nous croisons plus d’animaux que d’humains. Pourtant, même sous la pluie et avec son gîte d’étape en rénovation, Aire de côte reste un lieu très fréquenté des randonneurs.

Et même si on se sent privilégié de pouvoir passer des moments coupés de tout/tous, ce que nous sommes venus chercher par cette aventure ce sont surtout des rencontres, de la simplicité et du partage. Un espace de bivouac pédestre et équestre ayant été mis à disposition sur le site, nous avons pu discuter un moment avec d’autres adeptes des Cévennes. Deux d’entre eux avaient un âne, l’occasion pour nous d’en savoir plus sur ce genre d’expérience sportive alternative. Pour vous résumer notre échange : même s’ils ont reconnu que cela était plus coûteux et contraignant, ils semblaient ravis de composer avec leur adorable compagnon. Ils m’ont par ailleurs donné des idées et Paul a du souci à se faire... peut-être que pour ma prochaine itinérance, moi aussi je risque de le remplacer par un coéquipier aux grandes oreilles !

 

jour 13

 

 

 

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JOUR 14 : Aire de Côte - Camprieu

 

distance

17 km

 

Dénivelé positif

599 m

 

Levés de bonne heure, nous quittons la zone d’Aire de Côte à 6 heures précises comme on quitte un camp de base pour l’Everest.

En effet, dans cette grande traversée du Parc en passant par beaucoup de ses sommets, nous voici aujourd’hui en direction de celui qui est probablement le plus iconique de tous : l’Aigoual, ses 1567 mètres et sa station MétéoFrance très prochainement convertie en centre d'interprétation du changement climatique.

Arrivés au sommet, nous dominons  la partie lozérienne des Cévennes, le vent puissant donne vraiment cette drôle d’impression d’être au-dessus des nuages. Mais la contemplation n’est que de courte durée : cette journée est l’occasion pour nous de rejoindre des agents du Parc national pour une “sortie Flore”. À quelques reprises par saison, gardes-moniteurs et spécialistes scientifiques se retrouvent pour un inventaire détaillé sur une zone d’intérêt. Après cette parenthèse aussi studieuse que joyeuse, retour au calme dans la vallée du Bonheur, après la descente par le flan Ouest de l’Aigoual, nous terminons notre chevauchée à Camprieu, bercés par les ruisseaux qui finissent leur course dans ce fond de vallée.

 

 

Jour 14
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Sarah : "les plantes et leurs secrets"

Pas d’ascension épique de l’Aigoual pour moi aujourd’hui, mais je retrouve quand même Paul et Victoria pour découvrir la vue au sommet. Je les accompagne également pour la sortie flore, l’occasion de laisser tendinite et antidouleurs dans un coin de ma tête pour profiter pleinement de la nature.

C’est d’autant plus facile quand on est entouré de personnes aussi passionnées que les scientifiques et les gardes-moniteurs du Parc ! Cela fait du bien de se recentrer sur ces petites choses pourtant si importantes autour de nous, de réaliser que chaque plante est digne d’intérêt, qu’elles détiennent toutes leurs petits secrets. Tout est propice à l’émerveillement si, comme eux, on sait s’arrêter pour prendre le temps de le réaliser.


Victoria : "l’ascension de l'Aigoual"

Au lever du jour, dès 7h30, nous nous lançons sur notre chemin. Une brume légère enveloppe le paysage, rendant l'herbe encore humide et laissant entrevoir une aube timide. Alors que le soleil s'élève en cadence avec notre ascension vers l'Aigoual, la pente abrupte se dresse devant nous. Notre temps est limité. Paul s'est élancé avec une vélocité hors pair, me laissant poursuivre à mon propre rythme. En effet, notre impératif est de retrouver Sarah et Adrien avant 9h, afin de rejoindre les gardes-moniteurs pour notre sortie flore.

Toutefois, la vue panoramique dévoilée sur les flancs des falaises me contraint à maintes reprises à m'arrêter, car cet instant est véritablement suspendu dans le temps. Les montagnes, toutes uniques en leur genre, se mêlent en une parfaite harmonie linéaire, créant ainsi un paysage singulier ineffable. Mon regard se perd alors dans les rayons du soleil qui transpercent les nuages. C'est une vision quasi mystique, dont la beauté m'enivre et ne peut que m'inviter à rêver.

 

Paul : La Vallée du bonheur et ses paysages canadiens.

Cette journée était résolument une parenthèse dans l’aventure. En venant dans les Cévennes, vous vous trouverez souvent relativement seul. Cette sensation de désert humain prend tout son sens sur le Causse Méjean d'où nous venons, où vit à peine plus d’un habitant au km2.

Mais le chemin du jour offre un tout autre visage avec la sortie flore qui nous donne l'occasion d'arpenter une zone humide avec l’équipe du massif de l’Aigoual au grand complet ou presque, et le col de la Serrereyde, point de passage où se mêlent touristes, cyclistes avides de dénivelé et randonneurs perdus entre les nombreux croisements de GR.

Après cette agitation toute relative, la descente dans la vallée du Bonheur, referme la parenthèse : un ruisseau qui court on ne sait où, une herbe étonnamment verdoyante et des habitations aux airs de chalets, très espacés et presque jamais clôturées dans cette vallée qui s’est définitivement imperméabilisée de tout ce qui pourrait remettre en question ce Bonheur.

Je regarde autour de moi : on se croirait au Canada.

Oui, nous voilà repartis loin, très loin.

 

Camprieu

 

sortie flore

 

 

 

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JOUR 15 : Camprieu - Dourbies

 

distance

16,5km

 

Dénivelé positif

619m

 

 

En quittant la vallée du Bonheur, c'est assez logiquement que nous pensions le perdre... Et pourtant, une journée véritablement scénique nous attendait.

La marche autour de Camprieu est absolument féérique : on y traverse des pontons insoupçonnés et on prend de l'altitude dans une végétation terriblement dense. C'est d'ailleurs en montant ce versant opposé à notre point d'arrivée, Dourbies, que nous vivons une averse diluvienne pendant près de 2 heures.

Finalement, nous sommes tous les deux bien heureux de pouvoir finir la journée au sec dans le gîte d'étape communal de Dourbies, des souvenirs pleins la tête.

 

 

Jour 15
Jour 15
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Paul : "singin' in the rain"

J’ai pour ma part, découvert, qu’en randonnant, on passe plus de temps à regarder le ciel que ce que l’on pourrait croire. Tout ça à cause d’un ennemi bien connu : cette satanée pluie qui semble ne pas vouloir nous lâcher ! Et à bien y réfléchir, une averse qui peut paraître rafraîchissante prend un tout autre visage pour le baroudeur novice que je suis : mes chaussettes sèchent encore à l’arrière de mon sac, il y a probablement plusieurs heures de marche avant de pouvoir prétendre trouver le moindre abri, bref, les conditions ne sont pas vraiment idéales.
Pourtant, et paradoxalement, ce que nous “subissons” cet après-midi demeurera, un des souvenirs majeurs de notre randonnée. A vrai dire, ce sont carrément des trombes d’eaux qui nous tombent dessus ! En moins de 5 minutes, nous sommes trempés jusqu’à l’os, et ceci malgré les imperméables en Gore Tex et toutes nos précautions.
Personne ne saura précisément ce qui s’est passé ce jour-là, mais seuls, sous la pluie, le tonnerre qui gronde au loin, nous étions heureux, plus que jamais… Drôle de souvenir puisqu’en écrivant ces lignes je ne sais comment transmettre cette véritable sensation de transe de manière plus rationnelle ; alors faute de s’expliquer, “let’s sing in the rain”!

 

Victoria : "pluvieuse et merveilleuse"

Une expérience pluvieuse à la fin merveilleuse : voilà comment je résumerais l'intensité qui m'a saisie à la vision de la vallée menant à Dourbies. La pluie vient tout juste de se calmer quand nous traversons une allée enluminée de genêts. La scène se dissimule sous un voile brumeux, conférant à l'ensemble des airs oniriques. Je ressens l’immensité environnante, bien que celle-ci demeure trouble. Pour vous dire, même les contours des vallées voisines m'échappent à cet instant. Néanmoins, l’effet provoqué n'en est que plus singulier. Notre chemin croise celui de deux magnifiques chevaux, lesquels amplifient ma joie.

Cette journée nous réserva sans doute ce que nous aurions considéré comme « les pires conditions », et pourtant, je me sentais pleinement à ma place, plus à l'aise qu'en tout autre lieu. Tout prenait une dimension plus intense et je me sentais véritablement investie de l'esprit de l'aventure.

 

Sarah : "rebondir sur l'imprévu"

Pendant cette petite aventure j’aurai bien appris une chose : il est important de s’écouter et de ne pas forcer quand le corps ne suit plus. Je profite donc de mon temps à Florac pour me reposer au maximum, mais je cherche aussi à tirer profit de mon temps ici, dans les Cévennes. Ce n’est pas toujours facile d’improviser après de tels imprévus, surtout quand il est difficile de marcher sur de longues distances !

Mais je trouve finalement de quoi m’occuper en découvrant de mon côté le village de Florac : promenade sur la place, petit tour à la librairie indépendante La Berlue, dégustation de produits de la région au restaurant Esprit Parc national Cévennes "Le Subvers"… finalement mes camarades auront de quoi m’envier !

 

Jour 15

 

 

 

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JOUR 16 : Dourbies - Lac des Pises

distance

13 km

 

Dénivelé positif

702m

 

Après avoir bénéficié d’une douche chaude réconfortante et d’une nuit revigorante au gîte d’étape communal « L’Adissiatz », nous quittons difficilement Dourbies vers 11 heures.

Départ quelque peu tardif nous en conviendrons mais avec l’énergie suffisante pour atteindre le sommet de Saint-Guiral d’une traite. Au départ, une petite portion de route nous attendait, avant de rejoindre un chemin de randonnée plus conventionnel (et agréable pour nos pieds). Après une rencontre quelque peu atypique qui rythme notre déjeuner (voir dans les photos ci-dessous), nous repartons de plus belle en direction du lac des Pises. Pour préserver ce lieu magique, la règlementation du Parc interdit le bivouac autour du lac.

Nous avons donc consulté attentivement cette carte afin d’être certains d’être en règle. Par ailleurs, une fois votre tente dressée, osez patienter jusqu'à la tombée de la nuit pour vous poser paisiblement aux abords du lac. Levez les yeux et contemplez ce qui confère à cet endroit une dimension inoubliable : son ciel étoilé !

 

Jour 17
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Jour 17

Paul : "la vue du lac le soir, l’impression d’être au bout du monde"

Et après la marche, rythmée intempestivement par le chronomètre et par les besoins corporels, vient le calme.
Si j’ai tout de suite était entraîné par ce projet de traversée du Parc, c’était justement pour vivre ces moments hors-sol que j’ai déjà connu au cours de mon parcours d’aventurier (novice) : quand après une journée passée sur les sentiers, dans l’eau ou à vélo, on se connecte vraiment au monde qui nous entoure, et quelque part, on se retrouve avec soi-même.

En cette soirée, c’est vraiment une autre dimension de cette sensation que je découvre. 21h44, mon téléphone ne capte aucun réseau, nous venons de souhaiter une bonne soirée à Jean-Marie Lopez, président de la Société Astronomique de Montpellier (SAM) que nous reverrons le lendemain. Seul face au Lac des Pises, le soleil est déjà loin, le crépuscule astronomique montre des dernières lueurs. Selon le prestigieux label de Réserve Internationale de Ciel Etoilé (RICE) qui récompense la qualité du ciel étoilé, ce coin haut perché, quelque part dans le Gard n'aurait rien à envier à la pureté du ciel du désert de l’Atacama. Alors ce soir, je suis seul, avec les étoiles qui ne font que accentuer la noirceur du lac, et une question : “Où suis-je ?”

 

Victoria : "rencontre sauvage GRRRR"

À l’approche de la fin de notre aventure, alors que nous nous pensions parfaitement rodés, nous sommes pris par surprise. Au cours de notre déjeuner idyllique au sommet de Saint-Guiral, rocher mythique du massif de l'Aigoual, offrant une vue panoramique sur toute la Seranne, les causses Noir et Méjean ou encore le mont Canigou (Pyrénées), nous étions loin d’imaginer que ce lieu était habité. Ayant laissé nos sacs ouverts en contrebas du rocher afin de grimper plus léger, une douce odeur émanant de notre mélange de noix de cajou et de cranberries était parvenue aux narines des résidents du rocher.  C’est alors que nous nous retrouvons nez-à-nez avec ces derniers, bien déterminés à nous dépouiller. Par ailleurs, je suis navrée de vous apprendre que les boucs nous ont rapidement contraints à rendre les armes. Ayant déjà perdue Sarah, je ne pouvais me permettre que Paul connaisse une issue cornue…

 
Sarah : "journée patrimoine !"

Autre jour passé seule en convalescence, autre tour d’improvisation. A défaut de ne pas pouvoir randonner jusqu’au lac des Pises, je me lance dans ma propre aventure : me rendre au village d’Ispagnac en faisant de l’auto-stop. L’attente au bord de la route finit par payer, et voilà que je découvre les vignes du village ainsi que la cave du domaine des Cabridelles, labellisée Esprit Parc national - Cévennes, où on accepte gentiment de m’accueillir. Après avoir pu discuter de leur projet, proposer du vin local issu d’une production soucieuse de l’environnement, je prends à nouveau la route vers Florac que je continue à visiter. Au programme : passage à la maison du tourisme et du Parc où l’on me conseille la "balade du patrimoine", une charmante promenade qui m’a permis de découvrir les éléments emblématiques de Florac, son Temple protestant, la source du pêcher ou encore le Tarnon.

 

 

Jour 16

 

 

 

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JOUR 17 : Lac des Pises - Cap de côte

 

distance

16 km

 

Dénivelé positif

346 m

 

Le petit carnet violet que Paul ne perdait jamais l’indiquait bien : en ce dimanche matin, nous avions un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte. L'observatoire du lac des Pises, qui se dresse face aux étoiles, sur les rives du lac désert est pour le promeneur ordinaire un mystère : la journée on n'y trouve pas âme qui vive et le grand dôme donne au lieu des airs de laboratoire de méchant dans Tintin. Seulement ce matin, nous avons le droit à une visite guidée très exclusive du lieu et son équipement réalisée par Jean-Marie Lopez, le président de la Société Astronomique de Montpellier qui s'occupe du lieu depuis plus de 30 ans.

Ensuite, le chemin qui nous attend jusqu'à notre dernier gîte de l'aventure à Cap de Côte est une traversée par les cols : le col du Minier est un point de passage de la belle route qui mène aux Pises où les automobilistes s'arrêtent pour flâner, et le col de Giralenque vient clore la journée.

 

Jour 17
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Victoria : "jouer avec le temps"

L’itinérance en prenant le temps, en courant ou en subissant ? En ce qui nous concerne, nous avons gagné en sagesse et conclu que l’organisation était la clé de voûte de notre périple. En observant les jours précédents, nous constatons que nous parcourons en moyenne 4 kilomètres par heure sur ce type d'étape, en tenant compte de nos arrêts, du repas de midi, du temps consacré aux photos et à l'admiration de notre environnement.

Ce matin, Monsieur Lopez nous avait prévenus que les intempéries éclateraient à 18h. Nous avons alors déployé tous nos efforts pour arriver à temps. Et en venant à bout de cette étape à 17h50, quelle meilleure récompense pouvions-nous espérer que d’observer depuis la salle commune du gîte de Cap de Coste les grêlons et l’averse s’abattre ardemment, tout en appréciant notre thé chaud, à l’abri des éléments !

 

Paul : "nous commençons un peu à subir l'aventure"

Déjà 200km d'avalés dans cette randonnée à étapes… que dis-je ce voyage ! Aujourd'hui, c'est notre avant dernière étape. Le sac pèse graduellement moins lourd sur les épaules mais une certaine dose d'émerveillement, de rage de vivre en commençant le chemin chaque jour s'est en allée dans le même temps. Nous y sommes, la fin du périple est proche. Le chemin et ce qui l’entoure demeurent eux bien là, intransigeants, mais peut-être nos yeux commencent-ils à s’en écarter.

En prendre plein les yeux, c'est aussi consentir à s'user un peu le corps et après maintenant 2 semaines passées sur les sentiers, il est clair que nous commençons, d'une certaine manière, un peu à subir l'aventure. Le but affiché pour l'étape quotidienne est alors clair : limiter les pauses, presser le pas quand le chemin s'y prête pour atteindre le gîte de Cap de Côte assez tôt dans l'après-midi et y passer une dernière soirée reposante. Chose dite, chose faite !
Mais quand finalement, le soir venu, nous nous rendons compte devant notre soupe lyophilisée que nous avons relativement peu de photos de la journée, que nous n'avons que peu pris le temps d'étudier les spécificités du parcours et de nous approprier celui-ci. Une question nous traverse alors : que restera-t-il de cette journée ?

 

Sarah : "bouquet final sur le Causse"

C’est mon dernier jour avant le départ, et avoir dû stopper mon itinérance de manière prématurée me laisse encore un goût amer dans la bouche.  Heureusement, les autres stagiaires du Parc présents avec moi à Florac me proposent de venir avec eux sur les Causses pour tenter d’y observer les diverses espèces d’oiseaux qui s’y trouvent. Mon séjour se finit donc en beauté, entourée de magnifiques pelouses argentées et de prairies en fleurs. Nous sommes même assez chanceux pour pouvoir observer une pie-grièche méridionale, une espèce protégée et en déclin, ainsi qu’un majestueux couple de gypaètes barbus dans leur nid.

 

Jour 17

 

 

 

 

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JOUR 18 : Cap de côte - Le Vigan

 

distance

10 km

 

Dénivelé positif

50 m (-970m en descente)

 

Un levé aux aurores, 970 mètres de dénivelé négatif dévalés en trois heures et nous voilà déjà au Vigan. Nous avons eu le temps de cligner des yeux à notre départ de Villefort que nous venions de passer la ligne d’arrivée.

Le Vigan est une ville pleine de vie. Nous y revoyons pour la première fois depuis 3 semaines un cinéma, un hypermarché et de grands parkings. C’est ici que se termine donc notre itinéraire avec d'innombrables souvenirs en tête. Plus précisément, notre aventure prend fin à l’arrêt du bus 140, devant nous amener à Nîmes, où nous retrouvons pour notre plus grand plaisir Sarah et Adrien (notre tuteur de stage, responsable communication pour le Parc).

 

 

Jour 18
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Victoria : "une bonne étoile"

Au Vigan, nous retrouvons Sarah et Adrien. Il ne vous a pas échappé que Sarah continuait de son côté la découverte du patrimoine culturel du Parc. Néanmoins, elle n’était pas la seule à nous avoir suivie, plus ou moins à distance, durant notre périple. Nous avions une bonne étoile qui veillait sur nous, à qui nous pouvions confier nos doutes et qui n’hésitait pas à venir passer des moments avec nous, sur un tronçon de chemin comme autour d’un bon sandwich réconfortant. Alors évidemment, pas tout le monde n’a la chance d’avoir un Adrien Majourel à ses côtés durant son itinérance, et je vous rassure, sans lui vous arriverez à bout de votre aventure. Néanmoins, pour nous, clôturer ce parcours en sa présence était d’autant plus important que c’est la personne qui a rendu possible cette incroyable expérience. Alors comme on ne pourra jamais lui dire assez : merci pour tout.


Sarah : "retour effervescent"

Cela fait tout drôle de retrouver des grandes villes, dans un milieu hyper urbain, après avoir passé trois semaines dans les montagnes. Le rythme aussi est différent, je le ressens dès notre arrivée au Vigan. Nous avons dû nous rendre à pied à chacune de nos étapes, et voilà que nous reprenons le bus, le train, le métro. Les gens se pressent, courent de droite à gauche plutôt que de se contenter d’aller d’un point A à un point B. C’est à la fois triste et exaltant de retrouver l’effervescence de la ville. Mais je sais que je n’oublierai pas cette itinérance dans les Cévennes, les paysages traversés, les rencontres que nous y avons fait, le calme infini que j’ai ressenti sur le chemin.

 

Paul : "nostalgie en miroir"

C’est bien malgré moi que je clos cette ultime étape. Un dernier regard sur la forêt qui se dresse face à moi et s’allonge verticalement. Se dressant comme un barrage face au Parc national et ses trésors, je détourne alors le regard une toute dernière fois. Finalement, peut-être étions nous trop pressés hier. Aujourd’hui, comme en miroir, ce dernier instant que je ne redoutais pas particulièrement est venu sans crier gare. On ne donne de la valeur qu’à ce qui est passé.
Dans le train qui me ramène vers ma Bourgogne natale, j’examine attentivement les photos prises depuis notre premier jour passé à Florac et commence à saisir des détails que je n’avais pas soupçonné : à quels points nous avons vécu des moments si particuliers, dans des lieux si insoupçonnés d’étendue, de beauté, de fragilité.
A trop me presser, j’aurais finalement pu passer à côté de l’essentiel”, me dis-je. A ce moment précis, on aimerait repartir en sens inverse à la recherche du temps perdu. Parce-que finalement : quel chemin si ce n’est celui-ci ?

 

Jour 18

 

 

fin du voyage

 

 

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