Les arbres ont revêtu la collection automnale, le vert tient toujours la vedette tandis que le rouille et le jaune ont le vent en poupe. Le rouge – comme toujours très glamour – apporte sa touche d'élégance… tout est prêt pour que les champignons pointent le bout de leur chapeau... et vous ?
Voici nos 10 conseils pour que votre cueillette soit réussie, responsable et éthique !
N°1 – Connaître son sujet
Commençons par la base… qu’est-ce qu’un champignon ?
Présents depuis 450 millions d'années, ils ont colonisé presque tous les milieux terrestres et aquatiques.
Distincts du monde végétal et animal, les champignons appartiennent au règne des Fungi ou Mycètes qui regroupent une large diversité. On recense ainsi plus de 1500 espèces : organismes microscopiques et invisibles, levures, moisissures, jusqu’aux champignons « supérieurs » dotés d’un chapeau et d’un pied.
Ce sont ces derniers d’ailleurs qui nous poussent, irrésistiblement, à nous lever, tout guilleret, aux aurores et à traquer, des heures durant, armés d’une détermination et d’une pugnacité hors du commun : cèpe, girolle, morille, pleurote, pied de mouton…..
Le champignon est présent dans le sol sous forme de filaments, c’est le mycélium. La partie « immergée » qui intéresse nos papilles, est en fait… l’organe de reproduction, le sporophore.
Toujours intéressés ?
Avant d’aller plus loin, il est crucial d’expliquer leur rôle dans l’écosystème* :
Dans le monde végétal, certains champignons (mycorhiziens) facilitent la capture de l’eau et des minéraux par les racines des arbres, particulièrement dans les milieux hostiles. A tel point qu’on peut penser qu’un arbre ne s’installe vraiment dans un milieu que lorsqu’il est arrivé à créer une relation symbiotique avec ses champignons partenaires.
Par ailleurs d’autres types de champignons (saprophytes et parasites) ont également un rôle majeur puisqu’ils éliminent les arbres les plus vieux et les plus malades, contribuant ainsi à la régénération de la forêt. De plus, ils forment le premier stade de la dégradation des matières ligneuses et cellulosiques remettant à disposition des autres organismes vivants de la forêt (bactéries, végétaux, animaux…) le matériel qui constituait l’arbre. Par exemple certains petits champignons poussent spécifiquement sur les aiguilles des conifères et favorisent grandement leur transformation en humus alors qu’il s’agit d’un matériau pourrissant difficilement.
Champignons sur hêtre © Emilien Hérault PNC
Dans le monde animal, de nombreux champignons qui poussent dans les forêts ont un pouvoir attractif ou répulsif vis-à-vis de certains animaux. On connait l’attirance des sangliers, des chiens et de certaines mouches pour la truffe. On sait aussi que certains champignons toxiques sont consommés par des limaces.
Quoi qu’il en soit bien souvent, l’animal, en consommant le champignon, dissémine les spores dans ses excréments et permet sa répartition géographique. Autre fait méconnu, les champignons peuvent être également consommés par les animaux pour leurs substances antibiotiques ou antifongiques.
Le Bolitophagus reticulatus rafolle de l'Amadouvier (Fomes fomentarius) © Bruno Descaves PNC
Il y aurait bien sûr encore beaucoup à dire sur les champignons et leurs secrets mais nous nous arrêtons là et vous laissons le loisir d’aller plus loin en consultant la littérature abondante et les nombreux articles que vous pourrez trouver sur le sujet.
N°2 – J’y vais, j’y vais pas…
Une sortie aux champignons ratée, ça n’existe pas nous direz-vous. Même si le panier est vide on revient toujours rempli de bon air et de beaux paysages.
D’accord, d’accord, c’est bien beau tout ça mais c’est quand même mieux d’en trouver quelques-uns !
Alors voici la recette pour mettre les chances de son côté : tout d’abord, laissez passer un épisode pluvieux, et durant 2 à 3 jours imaginez et faîtes mariner dans votre esprit l’assiette gastronomique qui ravivera les papilles de vos invités (et votre ego face à tant d’éloges), ou seulement les vôtres si le butin se révélait trop maigre pour le partager...
L’idéal ? Attendre une journée ensoleillée, deux ou trois jours après un épisode pluvieux.
N° 3 - Opter pour un panier en osier large et peu profond pour y déposer votre précieux butin.
D’abord c’est tellement plus chic et authentique qu’un sac en plastique !
Lequel, en plus d’être moche, brise les champignons, favorise le développement des bactéries et augmente le risque que les champignons deviennent toxiques.
Le panier en osier, accessoire chic et détendu du ceuilleur © George Chernilevsky Wikimedia
N°4 - Toujours prendre son pied
Une règle de première importance et souvent méconnue: on ne coupe pas le pied d’un champignon au couteau !
Un pied coupé resté en terre risque de pourrir et d'altérer le mycélium qui permet une repousse l’année suivante. Pour laisser le mycélium en terre, il convient de saisir d’une ou des deux mains, selon sa taille, le champignon et de tourner. Cela suffit à le couper.
Il convient de ne pas utiliser non plus d’outil (rateau, pioche…) pour racler le sol ou enlever les feuilles. Vous pouvez ensuite reboucher le trou pour ne pas que les mycéliums se dessèchent.
De plus, cueillir un champignon en entier est indispensable pour pouvoir le faire identifier par un mycologue en cas de doute.
N° 5 - Penser aux autres champignons
Et si malgré tout, votre panier reste vide, acceptez de revenir bredouille !
Il n'est pas nécessaire vous venger en détruisant les champignons que vous ne ramasserez pas. Si on ne récolte que les champignons jeunes (mais pas trop) et sains, on laisse en paix ceux qu’on ne ramasse pas !
Chez les champignons, être vieux et/ou moche est un sacré privilège ! (Les plus vieux produisent des spores qui permettront la repousse d’autres champignons)
Et souvenez-vous de leur intérêt écologique, chaque champignon est important pour les animaux et les végétaux qui l’entourent !
N° 6 - Penser aux autres cueilleurs
Faire une bonne cueillette, ce n’est pas tout rafler.
Aller aux champignons nous offre la merveilleuse opportunité de révéler nos qualités de cœur et d’altruisme. C’est faire preuve de générosité que de penser à celui qui passera derrière soi…Si si !
N° 7 - Consommer les champignons rapidement
Les champignons peuvent devenir toxiques en vieillissant. Juste cueillis, ils ne se conservent que 24 à 36 h au réfrigérateur. Après les avoir nettoyés, vous pouvez les congeler, les sécher ou les mettre en conserve.
N°8 - Gare aux intoxications !
Certains champignons hautement toxiques ressemblent beaucoup aux espèces comestibles, alors ramassez uniquement les champignons que vous connaissez et séparez bien par espèce les champignons récoltés pour éviter le mélange de morceaux de champignons vénéneux avec des champignons comestibles !
Si vous avez le moindre doute, ne pas consommer la récolte avant qu'un spécialiste en la matière ne la contrôle. Les pharmaciens ou les associations et sociétés de mycologie (Par exemple : http://mycales.fr/ ou https://www.mende.fr/152-association-mycologique-de-lozere.html) peuvent être consultés.
Le réflexe malin : photographiez votre cueillette avant cuisson en séparant les espèces ! Les photos seront utiles au toxicologue du Centre antipoison en cas d’intoxication, pour décider du traitement adéquat.
En cas d'intoxication, contacter le centre antipoison le plus proche https://www.centres-antipoison.net/ et/ou un médecin et/ou le SAMU (15).
N°9 – Cueillir dans le Parc national des Cévennes
Dans le Parc national des Cévennes, le volume de la collecte de champignons ne doit pas excèder 10 litres par jour et par personne. (A titre de comparaison, un bac à glace "classique" de 500g fait 1L)
Seule exception, la pleurote du Panicaut, pleurotus eryngii, dont le volume réglementaire de cueillette est limité à 2 litres par jour et par personne.
Il n’est pas possible de récolter des champignons dans les zones de cueillette réservée, signalées par des panneaux.
Par ailleurs, n’oubliez pas qu’en cœur de Parc, les règles classiques s’appliquent :
Dans les forêts publiques (domaniales, communales), la cueillette à caractère familial (les quantités prélevées sont modestes et destinées à une consommation domestique) est généralement autorisée. En revanche, dans les forêts privées, le ramassage des champignons est soumis à l’autorisation des propriétaires. Pensez donc à la demander !
A savoir: la réglementation de la cueillette de champignons appliquée dans le coeur du Parc est issue de la délibération du Conseil d'administration de l'établissement public n° 20140339 du 9 octobre 2014
N°10 - Et pour finir… les coins à champignons infaillibles !
Vous ne croyez tout de même pas que nous allions révéler l'un des secrets les mieux gardés du Parc ???
Notre seul conseil pour trouver le bon coin : observez !
- Les cèpes et les girolles (mycorhiziens) poussent en symbiose avec les arbres et notamment les chênes, les châtaigniers, les bouleaux et les hêtres.
- Les girolles sont une espèce fidèle à leur environnement : si vous trouvez un coin, il y a de grandes chances que vous en retrouviez l’année suivante.
- La coulemelle aime les environnements lumineux (lisière des bois...)
Mais stop, nous nous arrêtons là, comme vous le savez sans doute, le charme absolu du champignon réside sans aucun doute dans le secret qui l’entoure.
*Source : « Les champignons dans le Parc national des Cévennes » Revue Cévennes n°26/27
Retrouvez nos 10 conseils pour une randonnée réussie dans le Parc national des Cévennes : https://www.cevennes-parcnational.fr/fr/actualites/nos-10-conseils-pour-reussir-sa-randonnee-dans-le-parc-national-des-cevennes
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