Pigeon ? Vole !
Abeille ? Vole !
Papillon ? ... ça dépend !
Et oui les papillons, dont le mystérieux vol si caractéristique vient seulement d'être décrypté par des chercheurs suédois... ne volent pas tous !
Les femelles de la famille des Psychidés (qui compte près de 600 espèces décrites - il pourrait en exister plus de 1 000 !) sont nombreuses à ne jamais développer d'ailes.
Une famille dont les mâles et les femelles ont aussi l'incroyable caractéristique de ne plus manger une fois qu'ils ont accompli leur métamorphose en imago*.
*Imago : dernière étape du développement d'un insecte, ici la forme finale du papillon.
Les Psychidés, une famille étonnante de papillons
Les Psychidae ou Psychidés sont une petite famille de micro-lépidoptères présents partout dans le monde. On en connait un peu plus de 70 espèces en France et 100 en Europe.
Ces papillons très discrets sont souvent ternes. Dès leur éclosion, les chenilles construisent un fourreau protecteur composé de soie et d'éléments prélevés dans la nature.
La plupart du temps, il est bâti avec des fragments prélevés sur le fourreau maternel, le copiant presque à l’identique, si ce n’est la taille.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, ces fourreaux sont mobiles. Ils sont toutefois accrochés à la végétation, à un mur, une pierre ou un tronc quand la larve se repose ou pendant sa métamorphose.
Même si chaque espèce dispose d'un fourreau typique, il est souvent difficile de les identifier avec précision.
Un fourreau pour la vie
Faits de matériaux divers comme des débris végétaux, des brindilles, de la mousse, des petits cailloux, de la terre voire même des débris de coquilles d’escargots ou de carapaces d’insectes morts, ils comportent toujours une ouverture à chaque extrémité : l’ouverture à l’avant permet à la chenille de sortir sa tête et de se déplacer. L’ouverture à l’arrière sert à évacuer les crottes.
Ce fourreau offre un camouflage précieux et efficace puisque tous les éléments qui le composent viennent de l’environnement immédiat de la chenille. Il sert aussi à la protéger des variations de températures et des intempéries.
Les chenilles de psychidés sortent leur tête et leur thorax hors de leur fourreau mobile pour se nourrir de lichens, de mousses, d’algues ou toute autre végétation tendre. Elles sont même parfois observées sur des petits cadavres d’insectes.
Vivre sans ailes...
Chez de nombreuses espèces, les femelles sont donc "aptères" : elles n’ont pas d’ailes et passent toute leur vie à l’intérieur de leur fourreau. Elles attirent les mâles en diffusant des phéromones, des « odeurs » subtiles qui sont captées par ces derniers grâce à leurs antennes plumeuses.
Certaines sortent juste pendant la durée de l'accouplement. Chez d'autres espèces, elles restent dans leur abri et c'est le mâle qui introduit son abdomen télescopique (et qui peut s'allonger démesurément) tandis que la femelle reste blottie dans son fourreau.
Ensuite, la femelle pond généralement dans son fourreau puis meurt. Chez certaines espèces, elle meurt et se dessèche quand les oeufs sont mûrs. Les jeunes chenilles émergeront quelques jours après l'éclosion du cadavre de leur mère !
.... et sans bouche !
Les mâles ont quant à eux des ailes bien développées et des antennes plumeuses, mais ils ne survivent que quelques heures à l'état d'imago, le temps d'assurer leur reproduction ! Comme les femelles adultes, ils ont en effet des pièces buccales atrophiées et ne se nourrissent pas une fois qu'ils ont accompli le dernier stade de leur métamorphose.
Mais si les femelles ne se déplacent pas ou très peu comment se dispersent-elles ?
Les principaux prédateurs des Psychidés sont les oiseaux et certaines espèces d'insectes carnassiers.
Il arrive que certaines femelles de Psychidés qui meurent avant de pondre soient mangées par des oiseaux. Là encore, cette famille continue de nous surprendre puisque leurs œufs sont dotés d'une coquille très solide qui résiste aux sucs gastriques des oiseaux ce qui leur permet d'être ensuite rejetés dans les déjections. Cela leur permet de "voyager" sur des distances importantes !
Pour aller plus loin :
- Ces papillons qui passent l'hiver...
- La Faune du Parc national des Cévennes
- Inventaires, suivis et études naturalistes dans le Parc national des Cévennes
Sources :
- Isabelle Malafosse, garde monitrice du Parc national des Cévennes et membre du groupe Rhopalocères du Parc
- Vincent Albouy - Revue "Insectes" n°135 - 2004 de l'INRAE
- Psychidae sur Wikipedia