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78 nouvelles empreintes de dinosaures découvertes à Saint-Laurent de Trèves

Patrimoines
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Le chantier de fouilles  © NM-PNC

 

Saint-Laurent de Trèves sur la commune de Cans et Cévennes est connue historiquement pour ces empreintes de dinosaures. Cette semaine, à quelques kilomètres du village, c’est un nouveau site qui vient d’être mis au jour, en cœur de Parc, par des bénévoles de l’ Association Paléontologique des Hauts Plateaux du Languedoc (APHPL). 

 

La découverte de ce nouveau site à Saint-Laurent de Trèves revient au musicien et habitant du village, Marc Lemonnier, qui en se baladant en mai 2023, découvrent 2 empreintes tridactyles (trois doigts) sur un affleurement rocheux au milieu d’un champ. L’Association Paléontologique des Hauts Plateaux du Languedoc est rapidement contactée et après une visite de terrain, un projet de fouilles est engagé avec le soutien financier du Parc national. Du 1 au 4 juillet, 15 fouilleurs bénévoles ont ainsi dégagé une dalle calcaire de 150 m² à l’aide de pelles et de brouettes.

 

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Chaque empreinte est numérotée © NM-PNC

 

Des bipèdes carnivores 

 

En ce lundi 5 août au matin, sous la lumière rasante du lever de soleil, la dalle révèle la présence de 78 empreintes tridactyles ! Elles ont été soigneusement nettoyées, puis numérotées. Ces pas appartiennent à des dinosaures bipèdes carnivores, des théropodes. Un groupe dont la taille des individus est très variable, allant de 2 à 6m de long.  

 

« Les résultats sont exceptionnels car ce site présente une grande densité d’empreintes et une belle diversité morphologique sur une surface réduite », explique Jean-David Moreau, paléontologue et président de l’association APHPL.

 

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Empreinte d'un géant © NM-PNC

 

 

 

Si certaines empreintes mesurent une douzaine de centimètres, d’autres dépassent les 30 cm.

« D'après les fossiles qui ont pu être retrouvés ailleurs dans le monde, les plus petites traces pourraient appartenir à des dinosaures de la famille des Coelophysoidae (voir ci-dessous) et les plus grandes à des Carnosauriens ». 

 

 

 

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 Liliensternus de la famille des Coelophysoidae © dinosaurpictures

 

 

Comprendre leur comportement

 

 

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Une piste © NM-PNC

 

Plusieurs pistes, des alignements d’empreintes, ont été identifiées. Des relevés biométriques et l’imagerie 3D permettront de comprendre leur disposition, de mesurer précisément la longueur des pas et des enjambées. Cette étude scientifique va permettre de déterminer la taille des dinosaures et leur vitesse de déplacement. 

Il y a 200 millions d’années, au Jurassique inférieur, ce secteur était une lagune, à l’interface entre la terre et la mer, parcourue régulièrement par ces bipèdes. « C’était vraisemblablement un lieu de passage pour se rendre sur les zones de chasse ou de ponte ». Jusqu'à présent seules des empreintes ont été trouvées sur le territoire du Parc, aucun ossement et aucun oeuf n'ont été mis au jour.

 

 

 

 

Après une journée de relevés scientifiques, une cinquantaine de personnes ont pu profiter de cette belle découverte grâce à une animation proposée en soirée par l'APHPL et le Parc national. Le lendemain, la dalle a été recouverte afin de protéger les empreintes de l’érosion et des dégradations humaines.

 

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Animation sur le site © Laurent Bélier - PNC

 

Une quarantaine de sites dans le Parc


Historiquement, les premières empreintes de dinosaures observées dans la région des Grands Causses sont celles du village de Saint-Laurent-de-Trèves, où 20 traces tridactyles ont été recensées. D’abord prises pour des fleurs de lys gravées par l’homme, il aura fallu attendre la première moitié du XX ème siècle pour qu’elles soient identifiées comme telles. Un sentier de découverte y est aménagé par le Parc. En 2012, un inventaire préliminaire réalisé par le Parc national indique l’existence de 42 localités présentant des empreintes. A ce jour, un peu moins d’une dizaine ont fait l’objet d’analyses. 

Au cours de ces dernières années, l’ APHPL a mis au jour une soixantaine d’empreintes de théropodes au Mazel, à 2kms de Saint-Laurent de Trève et elle a fait la fabuleuse découverte d'empreintes de sauropodes, des herbivores quadrupèdes au long cou, au plafond de la grotte de Castelbouc. L’année dernière, après 20 ans d’études menées à Drigas et Nivoliers, l'APHPL a publié un inventaire paléontologique de la flore, de la faune et de l’ichnofaune fossile du causse Méjean. 


Au niveau européen et mondial, la région des Grands Causses fait référence pour les paléontologues. « Elle apporte des témoignages exceptionnels sur la période du Jurassique. La roche renferme 55 millions d’années d’évolution des écosystèmes ». 
 

 

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Prise de mesures biométriques  © NM-PNC