Fin mars, le soleil printanier chauffe les pentes bien exposées de la vallée Borgne.
Un merisier en fleur accueille bourdons, citrons et machaons et les criquets égyptiens engrangent la chaleur avant de commencer à s’activer.
Un arbre à l’écorce grise, sans feuille et de belle taille attire notre attention.
Au sol, de longues feuilles effilées … c’est un Micocoulier (Celtis australis), une essence que l’on trouve essentiellement dans le midi et qui ne s’aventure guère en altitude (il est présent à 630 m d’altitude maximum dans l’aire d’adhésion du parc au Sud-Est du col de l’Asclié).
Dans le houppier, deux papillons volent de branche en branche et s’approchent parfois vraiment près de nous. Les ailes sont brunes, très découpées et elles sont parsemées de tâches orange. Ce qui étonne le plus, c’est la tête très particulière qui forme comme un « gros nez ». Pas de doute, ce sont deux échancrés (Libythea celtis) !
Nous observons leur petit manège pendant un bon moment : ces deux échancrés sont des femelles, elles sont en train de pondre… consciencieusement, elles déposent un à un leurs œufs à l’aisselle des fleurs ou des bourgeons encore fermés.
De temps à autre, elles font une petite pause et étalent leurs ailes pour prendre d’avantage la chaleur du soleil. Magnifiques !
Ces deux femelles ont passé l’hiver cachées à l’abri de la végétation, attendant les beaux jours pour rencontrer les mâles et assurer ainsi la reproduction.
Les œufs minuscules, striés et un peu allongés sont pondus près des bourgeons des micocouliers car les chenilles ne consommeront pas autre chose…
Dans quelques semaines, de nouveaux échancrés tout neufs sortiront de leur chrysalide et recommenceront un nouveau cycle.
Vous l’aurez compris, l’échancré est un papillon méditerranéen qui dépend de la présence de son arbre « hôte », le Micocoulier.
Mais, il s’égare parfois beaucoup plus loin de sa zone de reproduction, au gré des vents. Il a par exemple été observé dans la vallée de la Brèze près de Meyrueis le 30 juin 2004, bien à l’Ouest de son aire de répartition.
Et par chez vous, a-t-il pointé le bout de son nez ?
Isabelle Malafosse, Garde-monitrice
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