Les spécialistes du Parc sont unanimes: 2021 sera une excellente année pour la chouette de Tengmalm!
A l'origine de cette bonne nouvelle, une très bonne faînée (fruit du hêtre) et une présence importante de cônes d'Epicea qui ont constitué une importante source de nourriture au sol pour de nombreux "micro-mammifères" tels que le campagnol roussâtre ou le mulot sylvestre.
Une aubaine également pour leurs nombreux prédateurs comme l'hermine, le renard, le hibou moyen duc ou encore... la chouette de Tengmalm.
Cette dernière adapte en effet sa reproduction à l'abondance de nourriture qu'elle trouve. Sur le Mont Lozère, sur 5 femelles en loges observées, 24 poussins ont été recensés ce qui est assez exceptionnel. Certaines années, lorsque la nourriture se fait rare, la reproduction est faible voire quasiment inexistante.
Des poussins sur le point de prendre leur envol
Les photos de cet article ont été prises début mai sur le Mont Lozère. Les poussins que nous voyons avaient été pondus 2 mois auparavant environ et étaient prêts à partir.
"Pour le savoir", nous explique notre garde moniteur Philippe Lucas, "il suffit d'observer leur couleur. Lorsqu'ils deviennent chocolat comme sur ces photos, c'est qu'ils vont bientôt quitter leur loge. Ils iront ensuite se percher sur des branches dans les alentours où leurs parents continueront de leur apporter à manger pendant quelques jours, jusqu'au moment de prendre leur indépendance. C'est un moment critique pour eux car ils sont à la merci de prédateurs comme l'épervier ou l'autour des palombes".
Et après ? "Difficile de le savoir, certains restent dans les environs, d'autres décident de voyager. Habituellement les mâles sont assez sédentaires alors que les femelles ont plutôt tendance à partir à la découverte d'autres territoires. Certaines peuvent partir à plusieurs centaines de kilomètres pour trouver un nouvel endroit pour nicher."
La chouette de Tengmalm, un rapace protégé et emblématique du Parc national des Cévennes
La Chouette de Tengmalm est un petit rapace strictement nocturne. De la taille d’une Chouette Chevêche, elle s’en différencie par une tête plus grosse, plus ronde où perlent de nombreuses tâches blanches. Elle affectionne les forêts de résineux, les Hêtraies- Sapinières et les Hêtraies d’altitude. La répartition de cette espèce en France couvre les massifs de l'arc Alpin, des Pyrénées, des Vosges, du Jura et du Massif Central.
Ce qui conditionne sa présence c’est le maintien de vieilles forêts et la présence du Pic noir, grand pourvoyeur de cavités (loges).
En zone coeur du Parc national des Cévennes, cette espèce est présente principalement sur les Massifs de l’Aigoual et du Mont Lozère, elle est plus rare sur les autres massifs. Elle fait l’objet d’un suivi depuis les années 2000 (écoutes, marquage d’arbres à loges, prospection, mesures de protection par un périmètre de quiétude ).
"Les années comme celle-ci sont rares ! " précise Philippe Lucas. Comme les bonnes nouvelles sont également rares ces derniers temps, il nous paraissait important de partager celle-ci avec vous !
Important :
Ces photos sont exceptionnelles et rares. En effet, toute photo de poussins au nid est fortement déconseillée car elles peut être source de stress et avoir un impact néfaste sur les couvées.
Les photos de cet article ont été prise dans le cadre d'une sortie naturaliste pour un suivi scientifique de la chouette. Toutes les précautions ont été prises par le photographe pour être certain qu'il n'y ait strictement aucun impact sur les poussins.
Pour aller plus loin: