On me prend pour un ver… et pourtant j’appartiens à l’ordre des coléoptères !
Ma larve, prédatrice redoutable, est une véritable alliée pour les jardiniers.
Malheureusement, je suis en fort déclin… alors qu’il suffirait parfois d’appuyer sur l’interrupteur pour m’aider.
Je suis... Je suis... Je suis... ?
Le vers-luisant bien sûr !
Mais me connaissez-vous vraiment ?
Les vers-luisants, petites lanternes vivantes
Les vers-luisants appartiennent à l’ordre des coléoptères et font partie des rares espèces capables de produire de la lumière : c’est le phénomène de bioluminescence.
Il s’agit d’une lumière froide, produite par l’oxydation de la luciférine (un déchet du métabolisme : rien ne se perd, tout se transforme !).
Ces petits insectes battent à plates coutures nos technologies humaines : quand nos ampoules à incandescence ou LED affichent respectivement un rendement d’environ 5 % et 30 %, le vers-luisant atteint… 92 % ! En effet, lors de cette réaction chimique, l’énergie est convertie presque uniquement en lumière, sans perte de chaleur.
Une lumière vitale pour la reproduction
Chez ces coléoptères, la lumière joue un rôle essentiel : elle permet aux femelles, dépourvues d’ailes et incapables de voler, de signaler leur présence aux mâles. Tels des phares maritimes guidant les bateaux, elles grimpent dans les herbes hautes et agitent leur petite lanterne, située à l’extrémité de l’abdomen.
Les mâles, dotés de grands yeux adaptés à la détection de cette lueur, s’empressent alors de voler à leur rencontre.
De redoutables larves
Si les adultes se nourrissent très peu, les larves, elles, sont de grandes consommatrices d’escargots et de limaces.
Elles possèdent à l’extrémité de l’abdomen une sorte de ventouse leur permettant de se fixer à la coquille d’un escargot avant de le mordre. Leur salive, véritable cocktail chimique, paralyse d’abord le mollusque puis liquéfie ses tissus. Pas d’inquiétude : elles sont totalement inoffensives pour l’être humain !
Vers-luisant ou luciole ?
Vers-luisants et lucioles appartiennent tous deux à la famille des Lampyridés, qui compte 14 espèces en France. Les lucioles (3 espèces recensées en France, plus fréquentes sous les tropiques) émettent des éclairs lumineux intermittents.
Les vers-luisants (aussi appelés lampyres), eux, produisent une lumière continue, dont ils ne peuvent faire varier que l’intensité.
Dans le Parc national des Cévennes, on observe surtout deux espèces de lampyres : Lampyris noctiluca et Lamprohiza mulsantii. Trois autres espèces ont été signalées, mais de manière très occasionnelle.
Une espèce menacée par la lumière
Hélas, les vers-luisants deviennent de plus en plus rares. La pollution lumineuse accentue leur déclin en rendant invisibles les signaux lumineux des femelles. Certains scientifiques redoutent même que nous soyons la dernière génération à pouvoir admirer leur fascinant spectacle nocturne…
Alors, éteignons les lumières, rallumons les vers-luisants !