Au détour d'un sentier du Parc, il n’est pas rare d'apercevoir une queue serpentante dans les sous-bois ou près des points d’eau. Mais comment savoir si vous venez de croiser une vipère aspic (Vipera aspis) ou une couleuvre vipérine (Natrix maura) ?
Suivez nos cinq conseils pour devenir un expert et éviter des paniques inutiles !
Conseil n°1. Le tête à tête
La vipère aspic se distingue par sa tête triangulaire et nettement marquée, souvent associée à une mâchoire robuste. Le bout du museau est retroussé.
En revanche, la couleuvre vipérine présente une tête plus étroite, qui s’intègre harmonieusement à son cou. Pour paraître plus menaçante lorsqu'elle est apeurée, elle aplatit sa tête qui devient triangulaire en bonne experte du camouflage !
Conseil n°2. Les yeux dans les yeux
Prenez vos jumelles et scrutez les yeux du reptile.
Les vipères, comme la vipère aspic, possèdent des pupilles fendues verticalement, semblables à celles des chats.
Les couleuvres, y compris la vipérine, affichent quant à elles des pupilles rondes.
Conseil n°3. Déchiffrez les écailles
Le corps de la vipère aspic est souvent trapu, avec des écailles rugueuses. Le dessin sur son dos est plutôt constitué d'un agencement de barrettes noires alternant plus ou moins en quinconce mais pouvant aussi se souder en un zig-zag, mais en général moins régulier. Elle mesure environ 70 cm (jusqu’à 90 cm). le dessin de la Vipère aspic L
La couleuvre vipérine est plus fine et élégante, avec des taches sombres ou des rayures en zigzag réparties de manière irrégulière sur un fond brun ou gris-vert. Son ventre est blanc-jaunâtre ponctué de taches sombres. Elle mesure la plupart du temps autour d'1m de long.
Conseil n°4. Où êtes-vous ?
Les vipères aspic fréquentent une gamme d'habitats très variée à condition d’y trouver des abris (pierrier, petit arbuste, roncier...). Elles aiment donc les zones ensoleillées, rocheuses et sèches, typiques des pentes cévenoles. Elles évitent les zones trop densément boisées mais apprécient particulièrement les lisières forestières, les haies bocagères ou les clapas bordés de buissons sur les plateaux des causses.
Sans être abondantes, elles sont réparties sur l'ensemble du territoire du Parc national des Cévennes depuis les zones méditerranéennes du piémont Cévenol et de l'Ardèche jusqu'aux Vallées Cévenoles. Elles sont observées régulièrement entre le début du mois de mars et la première décade de novembre.
La couleuvre vipérine est quant à elle certainement le serpent le plus facilement observable sur le territoire du Parc. C'est une adepte des milieux aquatiques. Si vous apercevez un serpent nager gracieusement ou près d’un ruisseau, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’elle.
Elle est présente dans le Parc depuis le piémont méditerranéen, les Gorges du Tarn et de la Jonte, les Vallées Cévenoles jusqu'aux massifs de l'Aigoual et du Mont Lozère où elle est régulière jusqu'à 1000 m d'altitude. Toutefois, elle n'a jamais été observée sur le Causse de Sauveterre et le Causse Noir, et elle est rare sur le Causse Méjean.
Conseil n°5 : se tenir à distance
Si vous croisez un serpent - quel qu'il soit - gardez une distance raisonnable et évitez les gestes brusques !
- Tout d'abord car une rencontre avec un serpent, même brève, est un privilège et qu'ils aspirent à ce qu'on les laisse tranquille.
- Ensuite car ce sont des espèces protégées en France par une loi de 1976 qui interdit notamment de les tuer, de les ramasser ou de les déplacer - même morts.
- Enfin car même si ces animaux ne sont pas agressifs, n'attaquent pas les premiers et tentent toujours de fuir, il y a des risques de morsure :
Si le risque lié aux vipères est tout relatif (on compte environ un décès par an en France pour 2 000 morsures), une piqure - même si la vipère n’a pas éjecté de venin - doit obligatoirement conduire la personne à se rendre à l’hôpital.
En revanche, vous ne courez strictement aucun danger si vous rencontrez des couleuvres : elles sont toutes inoffensives sur le territoire français. A savoir : la couleuvre peut faire la morte si elle est surprise !
Que faire en cas de morsure de vipère ?
- Appelez les secours, un passage à l'hôpital est impératif. En attendant rassurez la victime notamment sur le fait qu'il faut plusieurs heures pour que les symptômes soient au plus fort. Il est important de rester calme et de maintenir le membre touché immobile notamment pour éviter une diffusion plus rapide du venin.
- Enlevez tout ce qui peut serrer la zone mordue (bagues, montres, chaussures etc.). Celle-ci va certainement gonfler.
- Désinfectez la plaie avec un antiseptique (ou de l'eau et du savon)
Ce qu'il ne faut pas faire en cas de morsure de vipère :
- poser un garrot autour de la morsure ou faire de bandage compressif
- poser de la glace ou de la pommade sur la morsure
- aspirer le venin (même avec un Aspivenin)
- donner de l'alcool, du café ou autre chose à boire que de l'eau afin d'éviter l'accélération du rythme cardiaque qui favoriserait la diffusion du venin.
De manière générale, respecter quelques règles de base devrait vous éviter une mauvaise surprise lors de vos balades dans des zones accueillant potentiellement des vipères ou des couleuvres : portez des chaussures montantes, marcher d'un pas lourd pour créer des vibrations et les éloigner et n’essayez pas de les approcher ou de les attraper.
Et n'oubliez pas que c'est une grande chance d'en apercevoir !
Pour aller plus loin :
- La vipère Aspic sur notre site Biodiv'Cévennes
- La couleuvre vipérine sur notre site Biodiv'Cévennes
- La faune du Parc national des Cévennes
- Dernière prière pour une vipère (hommage poétique)