Pour évoquer l'extraordinaire biodiversité du territoire et le travail du Parc en matière de protection de la biodiversité nous passons la plupart du temps par nos bilans scientifiques ou des articles pour partager certaines découvertes ou raisons de s'émerveiller devant les caractéristiques de la flore et la faune locale (voir par exemple récemment notre article sur les libellules).
Une fois n'est pas coutume, c'est à travers la poésie que Caroline Devevey, garde monitrice sur le massif Causse Gorges, a choisi de nous parler d'une espèce qui peut faire peur ou qui est trop souvent mal-aimée : la vipère*.
Dernière prière pour une Vipère
Bien mal aimée de vous, je suis depuis toujours
Pourtant je vous avoue, je disparais chaque jour
Doucement mais sûr(e)ment, inéluctablement
De paroles fort méchantes, j'ai été affublée
Des légendes vous hantent, ce sont des simagrées
Et moi de mille dangers, je dois me préserver
Mes habitats régressent, des prédateurs m'oppressent
Haine et indifférence, font mienne cette violence
Si je me nomme "aspic", tout n'est pas si tragique
Si je m'appelle "péliade", là c'est la débandade
Sans parler de "Séoane", ni d'la belle "orsini"
Qui peu à peu se fanent, et tombent dans l'oubli
Alors comprenez bien, même s'il vous fait peur
Que mon précieux venin, même s'il n'est pas un leurre
Sert à figer les proies, car je suis plutôt lente
Aussi quand je vous vois, je n'suis pas virulente
Je choisirai de fuir, plutôt que de vous nuire
Surprise ou acculée, si je n'ai pas le choix
Là je peux attaquer, alors gare à vos doigts
Ne vous affolez pas, rampez tout comme moi
Soignez-vous rapid(e)ment, mais ne m'en voulez point,
En effet bien souvent, plaie ne pleure pas venin
Sachez que dans la liste, des dangers de la vie,
Il y a bien pire en piste, très mal classée je suis
Au nom d'la bienséance, je demande indulgence!
Caroline Devevey
* Il existe 2 espèces de vipères sur le territoire du Parc : la péliade et l'aspic