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Sarah, Victoria et Paul, étudiants à Sciences Po ont réalisé un stage inédit au sein du Parc national des Cévennes : une itinérance à pied depuis Villefort à la limite du département de l’Ardèche au Vigan à l'extrémité Ouest du département du Gard. Vous avez pu retrouver le récit de leur voyage au jour le jour sur Instagram, en voici une version détaillée. 

 

EPISODE 1 : LE MONT LOZERE

 

Mont lozere

 

rando

JOUR 1 : Départ de Villefort 

 

C'est le grand jour ! Notre aventure prend vie à Villefort, petite ville au Nord-Est de la Lozère. Après avoir déjeuné sur les rives du lac, émerveillés par la beauté du paysage, nous avons revu une dernière fois l’ensemble de notre itinérance avec Adrien, notre tuteur de stage. Une fois les derniers ajustements réalisés, nous avons entamé notre nuit de sommeil avec hâte, afin de conserver toute notre énergie pour le début de la randonnée tant attendue.

 

Villefort

 

 

Sarah : "quand le soleil éclaircit les doutes"

De mon côté, j'ai hâte d'entamer notre itinérance mais je ressens aussi plusieurs doutes : que faire si nous devons dormir sous la pluie ? comment s'organiser pour ne pas manquer d'eau ? Je ne parviens pas à être complètement sereine vis-à-vis de ce voyage qui est une première expérience pour moi. Mais au fond, je sais aussi que quoi qu'on fasse, une première randonnée de longue durée n'est jamais parfaite. Malgré mon appréhension, les quelques rayons du soleil qui accompagnent notre départ me donnent du baume au cœur. C'est motivée que je me suis couchée pour notre première nuit en gîte.

Victoria : "l’envie de commencer"

Une itinérance étendue sur plus de deux semaines ne se fait pas sans préparation. Mais plus celle-ci est complète, plus l’envie de commencer se fait forte. Alors sur la ligne de départ, bien que la fabulation soit à son paroxysme, le désir du concret nous saisit davantage.

Paul : "le confort du gîte"

Pour cette première nuit, tout va particulièrement bien. Les blagues fusent, on joue aux cartes et on profite de la petite télévision d’appoint qui fait plus penser à une chambre d’hôtel qu’à un gîte. Alors pourrait-on parler du calme avant la tempête ? Pas vraiment. Même si les aspects logistiques laissent perplexes, les troupes sont plus motivées que jamais et chacun s’impatiente. Pourtant, le confort qui règne ce soir-là nous amène à ne pas trop réfléchir à ce qui nous attend. Le lit douillet, le coucher de soleil qui rase de sa lumière le village en contrebas, c’est, à ce moment-là, à peu près tout ce qui compte. Le reste attendra. Peut-être ne faut-il pas trop s’impatienter de la destination à venir et apprécier le confort du jour présent.

 

 

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JOUR 2 : Villefort - Mas de la Barque

 

distance

13,1 km

 

Dénivelé positif

968 m

 

Dès la sortie du gîte, la route s’élève pour une entrée en matière sportive de 900m de dénivelé : on pénètre le cœur de Parc par la grande porte, à l’assaut du mont Lozère. S’allongeant dans de longues lignes de crêtes, le chemin qui mène aux hauteurs du massif se fait majestueux.

On domine tout le massif, le panorama s’étend jusqu’aux Monts d’Ardèche. Enfin, le feuillage assombrit le chemin et l’arrivée au Mas de la Barque est une déambulation magique entre troncs morts et écorce de bouleaux. La pluie qui s’invite parachève cette mise en situation sauvage. Le lieu nous prend, et nous garde en fascination jusqu’à son arrivée : le hameau dit du Mas de la Barque. Tout celui-ci se tourne vers l’accueil des randonneurs : le restaurant d’étape nous accueille en fin d'après-midi avec chocolats chauds et gâteaux aux marrons, pour se remettre d’une première journée de marche.

Pour cette première nuit en bivouac nous nous éloignons du site du Mas de la Barque pour rejoindre le bord du GR où il est autorisé.

 

 

Carte
chemin sac à dos
mont lozere
Chataigne

Sarah : "apprendre à apprécier l'inconfort"

Il est difficile de prévoir parfaitement le déroulement d'une randonnée, d'autant plus en pleine nature. Chargés, sans doutes trop, fatigués, et surpris de la difficulté de cette première étape, nous avons vite réalisé que non, une itinérance avec des sacs sur le dos, ce n'est pas un jeu d'enfant. Mais la randonnée, c'est aussi savoir apprécier l'inconfort, ou plutôt apprendre à l'oublier au profit du paysage qui nous est offert.

Nous grimpons une première montée ardue ce matin là, mais la vue qui nous attend en vaut le coup. Petit à petit la forêt laisse place à des crêtes et un paysage printanier merveilleux, ornementé de genêts en fleur. Le ciel se dégage, assez pour dévoiler quatre vautours qui planent au dessus de nous.

Cette première étape me fait comprendre que le reste du voyage ne sera pas facile, mais qu'il me marquera à vie.

 

Victoria : "la distance, un point de vue... relatif"

Après avoir tant imaginé ce qui nous attendait, la réalité de l’exercice nous a finalement rattrapés. En tant que sportive et adepte de randonnées en montagne, l’épreuve physique n’était pas au sommet de la hiérarchie de mes préoccupations. Mais avis à tous ceux qui, comme nous, se diraient que 13km représentent peu d’effort : 968m de dénivelés positifs et un sac de 15 kilogrammes sur le dos, ça change tout !

Sur les sentiers vallonnés du mont-Lozère nous avons donc compris que lors de nos randonnées, il était à prévoir qu’aux kilomètres réels, s’ajouteraient des kilomètres fictifs, ceux correspondant au dénivelé, et qu'il ne fallait surtout pas négliger cette donnée.

 

Paul : "traitement du temps compromis par la pluie"

Je me souviens bien de l’introduction de Premier de Cordée, où l’alpiniste Frison Roche présente un guide qui a réellement existé : Joseph Ravanel dit “le Rouge”. Son credo, un pas lent et régulier. Celui du vrai randonneur, celui qui vous mène au bout de n’importe quelle étape sans encombre. Cet impératif, je l’avais bien compris. Et malgré mon inexpérience criante, c’était là un des quelques conseils que je pouvais prodiguer avec certitude.

Seulement voilà ; dès notre premier jour de marche, la pluie vient contrecarrer tous nos plans : presser le pas, draper son sac à dos d’une housse fluo, enfiler son imperméable.

La pluie, c’est notre première expérience de ce qui fait vraiment la magie de la marche : ne pas maîtriser le temps de trajet qui nous est donné. Que cela soit un arrêt devant une fleur, une discussion avec des randonneurs… ou une belle averse !

Carte Jour 1

 

 

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JOUR 3 : journée au Mas de la Barque

 

 

En bivouac, les soirées humides laissent toujours place à des matins spéciaux. C’est toute la routine des tâches à réaliser qui se rompt : replier la tente, s’habiller, faire quelques étirements dehors… le banal prend une tournure nouvelle avec l’obsession d’éviter l’eau et rester au sec à tout prix. 

Et puis comme un signe, pour nous ce matin, la pluie cesse. On se laisse alors prendre par le lieu et sa temporalité. Nous nous lançons à la recherche de la fameuse pierre en forme de “barque”

 

Jour 3 mas de la barque
Jour 3 mas de la Barque
Jour 3 mas de la barque
Jour 3 mas de la barque
Jour 3 mas de la barque

Victoria : "la pluie, une révélation"

Cette journée, où nous voulions initialement tout tester (VTT, équitation) est finalement un moment de contemplation privilégié. La pluie est souvent perçue comme quelque chose à éviter, comme si elle était antinomique au positif. Nous avons tendance à rester au sec, dans ce que nous considérons comme le confort de la modernité. En bivouac, remplir nos besoins essentiels nous a finalement obligés à sortir de notre tente, bien que le temps pluvieux ne nous y incitait pas originellement. Et là, surprise ce que nous croyions synonyme de « désagréable » est finalement un florilège d’odeurs, de couleurs, de textures et de rencontres singulières, qui par un temps ensoleillé n’aurait jamais été révélées. Nous avons alors compris que pour accepter les conditions extérieures, il fallait prendre le temps de les expérimenter pleinement.

 

Paul : "hors du temps"

“Donc on fait quoi de la journée ?” nous lance Victoria. Après tout la question n’est pas si bête, la première expérience de repliage de la tente compromise par la pluie nous mène à une heure avancée de la matinée où partir pour une escapade sur le mont Lozère à pied ou en VTT n’est plus envisageable. Dès lors, on se laisse embarquer par la journée qui nous file entre les doigts. Sans devenir une ode à la paresse, le champ des possibles se resserre, et nous mène aux curiosités du mas de la barque, à commencer par la “forêt magique”. Le printemps prend des airs d’automne, et les feuilles écrasées par le poids des gouttes donnent au lieu des airs canadiens. Le silence règne sur tout le plateau. A la recherche des chevaux indiqués par des panneaux, les filles se perdent dans les bois et je demeure dans cette lande du mas. Les quelques randonneurs de passages et les familles qui, arrivées par la route, prennent une boisson chaude au restaurant complètent ce tableau hors du temps. 

 

Sarah : "Ode aux petits plaisirs"

« Ploc ploc ploc », nous entendons la pluie tomber en continu ce matin là. Il ne nous en faut pas plus pour choisir de rester au chaud sous la tente, bien blottis dans nos duvets. Mais le ciel finit par se calmer, et nous apprenons une première leçon en randonnée : planter la tente sous les arbres par temps de pluie n'est pas une si bonne idée... Nos efforts pour nous lever sont récompensés par une balade magique dans la forêt, suivie d'un bref mais agréable séjour au gîte du Mas de la barque. J'ai beaucoup apprécié cette journée au calme puisque nous avons vite compris qu'en itinérance, le moral dépend souvent des petits plaisirs qu'on peut s'offrir après de grosses étapes. C'est donc naturellement que nous avons choisi de passer la fin de l'après-midi autour d'un chocolat chaud et d'une crêpe à l'auberge de la station !

 

 

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JOUR 4 : Mas de la Barque - Sommet de Finiels

distance

17 km

 

Dénivelé positif

509m

 

C'est après une bonne nuit au chaud que nous reprenons la route. Le sentier bordé de pins nous mène d'abord sur les hauteurs du Pic Cassini, puis nous traversons les prairies jusqu'au Col de Finiels.

Après une longue discussion avec deux cyclistes au bord de la route, Nelly et Daniel, nous commençons l'ascension du sommet sous l'orage menaçant. Heureusement, après avoir profité de la vue à couper le souffle, nous nous éloignons du sommet où le bivouac est interdit pour dormir au sec (non pas sans avoir froid !).

Sommet finiels
sommet finiels
sommet finiels
sommet finiels
sommet finiels
sommet finiels
sommet finiels

Sarah : "se contenter de moins"

Les rencontres : voilà ce que j'attendais avec impatience en partant dans les Cévennes. Certains sentiers nous plongent seuls dans la nature, mais de temps en temps nous croisons d'autres personnes partis à l'aventure sur le mont Lozère. 

C'est au Col de Finiels que notre chemin nous mène à Nelly, qui attend son mari Daniel parti à vélo. Nous discutons longuement avec eux. Le couple de cyclistes nous parlent du Parc, de la beauté de la nature et de la biodiversité qu'ils aiment retrouver ici. C'est l'occasion pour nous de se prêter à l'exercice du portrait : dégager ce qu'ils ressentent sur ce territoire, la raison de leur venue, leurs endroits préférés. Nous apprenons beaucoup de cette rencontre, mais surtout une leçon de vie : selon eux, nous devons commencer à nous contenter de moins, à ne pas chercher partout et tout le temps le confort maximal, mais plutôt apprécier ce que l'Univers a à nous offrir de plus simple.

 

Victoria : "dialoguer avec sa douleur"

17 kilomètres séparent le mas de la barque de notre point de chute pour la nuit de l’autre côté du sommet de Finiels. Cette première longue étape a été pour moi un réel moment de prise de conscience de la manière dont je ressentais mon corps. En effet, quand on mesure 1m58 et que l’on pèse 50kg, porter près de 13 kg sur son dos est rapidement éprouvant, autant physiquement que mentalement. Néanmoins, chaque jour, aucune alternative n’est possible au fait d’arriver à bout de l’itinéraire prévu. Cette exigence, devenue un défi, m’a alors poussée à me questionner sur les moyens à mettre en place pour faire de la douleur, une pensée secondaire. J’ai dans un premier temps envisagé d’écouter de la musique, de me projeter dans des scénarios fictifs ou bien de me répéter des banalités. Mais finalement, tout cela est ridiculement efficace lorsque l’on découvre la force de la conscience de soi. Prendre conscience de sa douleur est trivial, mais essayer de la faire dialoguer est plus ardu. J’ai appris à marcher en ressentant pleinement mon corps, pour mieux le connaître, afin qu’il me permette d’aller au bout du parcours. Je m’entretenais avec lui ; me questionnant par exemple sur l’impact du sol sur mes sensations plantaires. C’est à cette occasion, que j’ai appris à pleinement apprécier marcher sur de la mousse ou de la terre humide. Dès lors, mon attention se focalisait sur le son de mes pas, faisant le vide, et oubliant finalement la douleur. 

 

Paul : "comme un air de western sur le Finiels"

Toute ascension se termine inévitablement par une descente fructueuse et sans encombre, cela va de soi. Alors pourquoi tous les alpinistes ne parlent que de sommets ?  Aujourd’hui dans les Cévennes, nous avons le Mas de la Barque pour “base camp”, le pic Cassini et le Finiels comme sommets himalayens. C’est dans le dernier acte de la journée que nous approchons le Finiels, et commençons vraiment à l’imaginer comme un dernier objectif avant la fin de la journée. Si l’ascension n’avait rien de la raideur d’un sommet enneigé, je n’oublierais jamais ces derniers pas avant les 1699m du Finiels. A ce moment, le sommet devenait le centre quasi mystique de la scène qui se jouait dans le ciel. Le vent naissant fouettait les pelouses subalpines de la montagne et donnait vie à l’endroit. Plus loin dans le ciel, les nuages bas se déplaçaient rapidement, et l’orage commençait à tonner au loin. Dans ce paysage des Highlands écossaises, il ne manquait plus qu’une musique de fin de western pour le clou du spectacle de cette étape.

Sommet finiels

 

 

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JOUR 5 : Sommet de Finiels - Pont de Montvert

 

distance

9 km

 

Dénivelé positif

40 m

 

Si le réveil est rude ce matin, il est surtout glacial. Nous nous hâtons pour pouvoir profiter de la chaleur du soleil qui pointe enfin à travers les nuages ; direction le hameau de Finiels où nous retrouvons deux agents du parc. Notre tuteur, Adrien, est accompagné de Florence, technicienne accueil et sensibilisation sur le massif du mont Lozère qu'elle connaît comme sa poche.

Ensemble, nous descendons vers le Pont de Montvert à travers les enclos et les prairies accompagnés par l'odeur des genêts en fleur. Nous profitons également du projet artistique "Vadrouïlle", une balade sonore dont nous écoutons quelques extraits pendant notre étape.

Nous découvrons finalement le village niché en contrebas, à cheval sur le Tarn grâce à son pont mythique.

finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert
finiels pont de montvert

Paul : "un pont aux épreuves du temps"

Au sortir de la dense zone de forêts qui peuple le mont Lozère, la descente vers le Pont de Montvert est une véritable consécration. A cette période précise de l’année, ce sont tous les pâturages qui sont en fleurs, la nature s’ouvre à nous et nous accueille dans son écrin. Quelques kilomètres en contrebas, le village médiéval de Pont de Montvert donne à voir une bien étrange harmonie avec ce cadre pastoral. 

Après avoir laissé les sacs à dos dans la petite antenne du Parc national implantée dans la commune, nous galopons à travers les rues étroites pour en découvrir les secrets. Les hauts murs de pierre suggèrent un passé de guerres entre seigneuries, mais au lendemain d’une étape sportive, la fatigue prend le dessus sur notre goût pour l’histoire. On se perd alors dans les dédales de vieilles rues et on s’émerveille devant les très fameux ponts de la ville. Celui qui domine la confluence entre le Tarnon et le Rieumalet retient toute notre attention : ses voûtes sont de tailles différentes, et la marque bleue qui indique la plus haute crue passée nous interroge : mais comment ce pont a-t-il pu tenir ? Décidément une bien drôle de ville.

 

Sarah : "Vadrouïlle : quand le paysage est sublimé par le son"

Dans les alentours fleuris du Pont de Montvert, des artistes ont confectionné une œuvre d'art particulière pour les randonneurs. "Vadrouïlle" est une randonnée sonore ponctuée de sept enregistrements thématiques que nous avons pu apprécier dans la descente vers le village. 

Tous très différents, nous avons tantôt été entourés par les bruits des brebis et des cerfs au fil des saisons, tantôt attendris par les témoignages des enfants du Pont de Montvert. Ces écoutes nous ont offert des perspectives différentes du village, sublimé par le Tarn qui s'écoule en son centre. 

 

Victoria : "Vadrouïlle : une expérience immersive en forme de B.O. du Parc !"

Même si nous faisons attention aux sons de la nature de par notre mission de documentation, on peut parfois passer à côté de toutes les dimensions de l’expérience sensorielle qu'offre la randonnée. De plus, même si nous apprenons à prendre le temps d’écouter la nature qui nous entoure, nous n’avons pas encore eu une expérience complète des bruits de la faune et de la flore du Parc au gré des 4 saisons. Alors, nous avons créé une bulle temporelle au point culminant du sentier reliant le hameau de Finiels à pont de Montvert en écoutant le podcast « Vadrouïlle » de Lorine Carton-Amor et Sami Tedeschi. Nous avons écouté un épisode mettant en avant l’identité sonore propre aux différentes saisons et nous avons été un peu plus transportés dans la réalité de ce territoire.

 

 

Jour 5 Florac

 

 

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JOUR 6 : le Pont de Montvert - Florac

 

distance

23,2 km

 

Dénivelé positif

905 m

 

 

Aujourd’hui, une longue étape et pas mal de dénivelé nous attendent. En route dès 8h30, nous commençons notre marche par un temps idéal. Le ciel parfaitement dégagé magnifie la vue sur le village pittoresque du Pont-de-Montvert. Notre impression que cette journée sera riche de beaux paysages est confirmée juste après, en traversant la Cham de l’Hermet.

Nous reprenons notre rythme de croisière, bien que le chemin sur la route et dans la forêt nous paraisse par moment interminable. Galvanisés par la vue de notre troisième chevreuil, nous achevons notre ascension sur les crêtes à un point culminant à 1 421 mètres. Là, un panorama splendide et bien mérité sur les montagnes du massif de Lozère s’offre à nous. En chemin, nous retrouvons nos amis randonneurs rencontrés la veille au gîte communal. L'occasion propice d'échanger sur nos expériences respectives et d'ajouter une dimension humaine à cette journée sportive.

Évitant la dernière portion du sentier, nous nous engageons directement sur le GR 68 pour descendre vers Florac. Le kilomètre final jusqu'au camping Le Vagabond se déroule le long des eaux tranquilles du Tarn, sous les encouragements chaleureux des habitants de Florac.

Pont de montvert - Florac
Pont de montvert - Florac
Pont de montvert - Florac
Pont de montvert - Florac
Pont de montvert - Florac
Pont de montvert - Florac

Victoria : "partager un bout de chemin, un facteur qui change complètement l’expérience de la randonnée"

Jusqu’ici, nous nous étions habitués à notre vadrouille intimiste, tant l’affluence en ce mois de mai sur les chemins empruntés était faible. Néanmoins, au départ du Stevenson au Pont de Montvert, dès 8 heures du matin, le changement fut radical. Alors comme tout changement en itinérance, il faut un temps pour s’acclimater. La veille au soir, nous avons dormi dans un gîte communal où se croisaient les chemins de nombreux randonneurs mais nous n’avons pas eu le réflexe d’aller discuter plus profondément avec eux, comme nous l’avions fait auparavant auprès des quelques randonneurs croisés sur les sentiers. Nous étions déstabilisés par toute cette potentialité de stimulation. Mais il faut croire que la randonnée rapproche et nous avons eu des moments de partages avec des profils de sportifs très variés, toujours avec une histoire singulière à raconter, et des encouragements ou des conseils à nous donner. Une nouvelle expérience de partage très enrichissante !

 

Paul : l’inadéquation du matin pour bourlinguer 

Pont de Montvert. Huit heures du matin. Le soleil est déjà radieux, l’absence complète de rosée dans l’air crée déjà une agréable douceur de vivre dans le paysage qui se réveille tout juste. Et pourtant, nul doute que les montvertipontains auraient bien dormi quelques heures de sommeil supplémentaires, mais c’était sans compter sur la horde de randonneurs, débarquée du gîte d’étape communal qui attaque “à la fraîche” ce grand classique des Cévennes. 

Dans ces moments, on ne peut s’empêcher de faire des pauses fréquentes pour profiter de la nature qui s'éveille elle aussi. Et je me dis que cette heure impromptue du matin ne devrait pas être faîte pour “bourlinguer” comme diraient les habitués de la marche. Se focaliser sur l’arrivée dès le matin c’est passer à côté d’un chemin dont chaque mètre recèle de particularités propre aux premières heures du jour. 

 

Sarah : "il galopait l'écossais !"

Qui a dit que la randonnée n’était pas du sport ? A bien y regarder, bien qu’on ne court pas, qu’on ne saute jamais ou qu’on ne tape pas dans un ballon, l’effort lui est là. Marcher du petit matin au coucher du soleil, c’est aussi la certitude que l'on s'est encombré d’un sac trop lourd (en moyenne 15 kilogrammes pour nous…) et le défi de devoir s’orienter à travers les GR, de gérer son ravitaillement en eau, nourriture etc. Ne rien sous-estimer : cette idée directrice fût au combien vraie pour cette étape qui est un des segments phares du chemin de Stevenson, tel qu’il le parcourut en 1878. Et il galopait l’écossais !! 25 kilomètres pour quasiment 1000 mètres de dénivelé, il y a de quoi faire. 

Cette étape fut aussi pour nous l’occasion d’expérimenter l’euphorie des derniers kilomètres. Le village de Florac, que nous avons connu tous les trois pendant notre première semaine de stage au Parc, nous a semblé plus accueillant que jamais, en contrebas des sentiers en fleurs. 

Le bonheur de poser bagages et d’aller boire le cocktail éponyme du bar “La Madeleine” est littéralement démultiplié par ce subtil poison que sont les heures passées à marcher.

 

Pont de montvert - Florac

 

JOUR 7 : Pause à Florac

 

En tant que randonneurs nouvellement déclarés, il nous faudrait quelques journées de repos, d'autant plus après avoir bouclé l'étape mythique du Stevenson. Nous n'en avons qu'une mais sommes bien décidés à en profiter !

À Florac, le soleil nous annonce une belle journée. Nous la débutons par un passage à Radio Bartas, la radio locale, pour parler de notre projet (retrouvez l'émission en intégralité ici), puis nous flânons au marché pour goûter aux spécialités de la région.

Nous passons notre fin d'après-midi tranquillement sur les bords du Tarnon, en reprenant des forces pour la suite de notre voyage.

Florac
Florac
Florac
Florac
Florac
Florac
Florac

Paul : "des castors carnivores ???"

Nous sommes sur place depuis plus d'une semaine et nous n'avons pas encore fait l'expérience du camping. C'est incontournable pour explorer les Cévennes ! Et c’est agréablement surpris que le citadin de toujours que je suis a su apprécier le confort sommaire mais suffisant des espaces communs. Après une douche chaude et la vaisselle de faite, je retourne à la tente. L’emplacement 12B de notre camping "Le vagabond" à Florac est le plus excentré de la vaste pelouse. La vue sur le Tarnon par le haut depuis notre tente donne à l’endroit des airs de Grand Canyon.

Le camping c’est aussi de belles rencontres, chacun s’en accordera. Ainsi, pendant notre première nuit sur place, ce sont des castors que j’entends dévorer le paquet de saucisses entamé laissé dehors !! Le gérant du camping m’avait prévenu qu’ils logeaient en lisère de la rivière. L’anecdote est excellente, pensai-je à ce moment-là. Après une succincte recherche en ligne, je me remémore que les castors sont totalement végétariens. Un peu déçu, je quitte le petit bungalow commun pour rejoindre ma tente à la lumière de mon téléphone. Quelle ne fût pas ma surprise quand je vis le véritable coupable , un chat blanc et noir, en train de chercher à manger autour de la tente !

 

Sarah : "majestueux vautours"

Faire attention à ce qui nous entoure, vivre dans le moment présent : voilà ce qu'on nous a répété avant de partir. Et il est vrai qu'au cœur de l'effort, quand nous devons gravir des montées interminables, notre sac pesant sur le dos, on oublie trop vite d'apprécier notre environnement. 

Cet après-midi, en me promenant près de la rivière, j'ai pris ce temps d'observer ce qui m'entourait. Et alors que je levais les yeux pour observer les rochers majestueux au-dessus de Florac, je fus récompensée par six vautours majestueux planant dans le ciel ! (Vidéo à retrouver sur le compte instagram du Parc)

 

Victoria : "le miel comme une mise en abîme de la flore rencontrée sur le chemin"

Certes, en cette journée de repos, nous avions un rendez-vous matinal que nous ne pouvions pas manquer, mais le marché de Florac faisait également partie de nos priorités. Le marché, c’est avant tout un lieu de vie, où se rencontrent locaux et gens de passage. Et même si une journée, c’est peu, pour s’imprégner pleinement de l’identité d’une ville, déambuler entre les stands du marché est certainement le meilleur moyen pour apprendre à la connaître.

À cette occasion, goûter les miels des producteurs locaux était comme une mise en abîmes de la flore que nous avions jusqu’alors observée lors de nos randonnées. Le miel de bruyère par exemple, si singulier, est venu interpeller notre palais, racontant par un autre sens, le caractère d’un territoire et démontrant la richesse du patrimoine qui fait ce qu’il est.

 

A suivre : Episode 2 : les Gorges du Tarn et le Causse Méjean

 


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