En plein coeur du Parc national des Cévennes, qui détient depuis 2018 le prestigieux label de Réserve Internationale de Ciel Etoilé (RICE), le hameau de Gourdouze, situé à 1240 mètres d’altitude, à la verticale de Vialas offre une vue du ciel nocturne exceptionnelle.
En ce samedi 26 juillet 2025, environ 80 amoureux du ciel, venus de Vialas, de Génolhac et même d’Alès, se sont donné rendez-vous à Gourdouze.
Les plus courageux montèrent à pied, d’autres les rejoignirent en voiture, certains restèrent dormir sous la tente sans crainte du vent du Nord, un mal nécessaire pour avoir une vue du ciel dégagée. Tous y étaient conviés par Plamen Petrov et moi-même qui rénovons et gèrons les maisons du Parc national des Cévennes de Gourdouze, afin d’y accueillir randonneurs et passionnés de la nature, autour d’un dîner, d’une nuit sur place, et parfois d’un séjour de quelques jours.
C’est comme cela que Plamen fit la connaissance de Jean Pierre Dorte, Philippe Morize, Christian Laborde, Liliane Champagne et Lilas Pelc, du Club Astrosaône de Mâcon, venus passer quelques jours au mois de juin en « repérage » du ciel de Gourdouze. Cette petite troupe de passionnés est donc revenue une deuxième fois fin juillet avec le souhait de partager avec le public leur passion, pour une nuit du ciel étoilé, originale et concoctée avec soin.
Après un repas partagé convivial et joyeux, tous se retrouvèrent dehors autour d’un grand écran confectionné avec les moyens du bord. Du temps où on pensait que la Terre était plate, commença Jean Pierre Dorte, Gourdouze aurait pu être ce point du « bout du monde » connu, bordé de la barre rocheuse du Trenze au-delà de laquelle on bascule dans l’immensité du ciel étoilé.
La conférence se poursuivit par une explication de Plamen Petrov et Denis Quinsat sur la Réserve Internationale de Ciel
Etoilé, qui s’étend du cœur du Parc vers des communes comme Vialas qui fut l’une des premières à éteindre l’éclairage public pour réduire la pollution lumineuse. Philippe Morize fit une brève présentation du club Astrosaône dont il est le président et l’importance de ce type d’associations pour faire connaître le ciel à un public plus large et susciter des vocations.
Jean Pierre Dorte fit ensuite une présentation grand public de l’astronomie, nous fit comprendre l’immensité de l’univers et
comment se repérer dans le ciel à partir des constellations. La lumière du soleil nous arrive en 8 minutes, expliqua Jean
Pierre, et la lumière des galaxies lointaines en plusieurs millions d’années. L’observation du ciel est donc un voyage
dans le passé. Nous observons des “objets” (étoiles, galaxies, amas globulaires, nébuleuses) dont la lumière est partie parfois avant l’âge des dinosaures !
Liliane Champagne aida les participants à repérer les constellations – la Grande Ourse, Cassiopée qui forme un W, Céphée, la Lyre, le Cygne, Hercule, le serpent et bien d’autres - au moyen de lasers pointant les étoiles dans le ciel, et Lilas Pelc montra comment reconnaitre l’étoile polaire et le triangle d’été qui rejoint trois étoiles – Deneb, Véga, et Altaïr – et comporte en son centre une étoile double, Albiréo, constituée d’une géante orange et d’une étoile bleue bien plus chaude.
Puis le groupe s’est partagé entre les quatre télescopes et lunettes dispersés devant la maison. Certains eurent la chance de pouvoir observer en direct Albiréo sur le télescope de Philippe Morize. D’autres de découvrir des amas globulaires sur les jumelles astronomiques de Lilas Pelc, pendant que Jean Pierre Dorte et Christian Laborde nous montraient des objets du ciel en visuel assisté qui consiste à empiler des photos successivement et de voir apparaitre l’objet sur un écran. Nous vîmes ainsi apparaitre les galaxies M51, M101, et l’amas globulaire d’Hercule M13. Nous avons aussi pu voir la galaxie lointaine MGC7331 dans laquelle une super nova en explosion a été observée pour la première fois le 14 juillet de cette année.
Compte tenu de la distance, l’explosion s’est en réalité produite il y a 40 millions d’années !
De Gourdouze nous avons fait un voyage dans l’espace et le temps, rappelés sur terre grâce aux passages réguliers – toutes les quatre vingt dix minutes - de la station spatiale internationale, l’ISS.
Valérie Schmitt