Inféodé aux tourbières d’altitude, ce papillon de jour est considéré comme étant en « danger critique » en Occitanie. Dans son aire de répartition méridionale, les crêtes du mont-Lozère constituent le dernier refuge pour cette espèce relique de l’ère glaciaire. Ainsi, le Nacré de la Canneberge est une espèce à fort enjeu de conservation pour le Parc national.
Les nacrés
Les nacrés doivent leur nom à la couleur de leurs ailes postérieures, un fond jaune parsemé de taches pouvant être blanches, argentées, noires, rouges sombres ou violacées. Le dessus de leurs ailes est fauve a orangé, orné de nombreuses tâches et pointes de flèches noires et épaisses. Le Nacré de la Canneberge (Boloria aquilonaris) se distingue de ces homologues par la présence, sur une partie de ses ailes, de deux pointes de flèches qui se font face.
La Canneberge pour seule « plante hôte »
La seconde spécificité de ce papillon est que son unique plante hôte est la Canneberge (Vaccinium oxycoccos ou Vaccinium microcarpum). Une plante rampante à petites feuilles ovales dont la fructification ressemble à de petites billes rouges, comme l'airelle. Cette vivace s’épanouit sur les buttes à sphaignes des tourbières acides d’altitude. L’été, la femelle pont ses œufs sur cette plante nourricière pour la chenille. « La chenille a également besoin de la butte de sphaigne pour s’y réfugier en été, car elle craint beaucoup la chaleur et la sécheresse. Elle y passera également l’hiver enfouie avant de se transformer en papillon l’été suivant », précise Isabelle Malafosse, garde-monitrice au Parc national. Le papillon quant à lui se nourrit du nectar d’autres plantes : le Cirse et le Comaret des marais (Comarum palustre et Cirsium palustre).
Une espèce rare
Le Nacré de la Canneberge est une espèce relique de l’ère glaciaire. Ce papillon d’environ 3 cm d’envergure est inféodé aux tourbières d’altitude froides. Le réchauffement climatique menace directement sa survie, tout comme la destruction de son habitat par le pâturage ou le drainage. Cette espèce classée « en danger critique » en Occitanie fait l’objet d’un Plan national d’actions (PNA) afin d’assurer son maintien ou son rétablissement. Les actions entreprises vise notamment à améliorer les connaissances de l’espèce en vue d’élaborer des mesures de gestion et de conservation.
Une station de 14 papillons
Sur le territoire du Parc national, le Nacré de la Canneberge a pour le moment été uniquement identifié sur la tourbière du Peschio au-dessus de l’étang de Barrandon. En juillet 2024, 7 papillons ont été recensées, le double cet été. D’autres tourbières situées sur les crêtes du mont-Lozère, abritant la Canneberge, le Cirse et le Comaret des marais apparaissant favorables pour le papillon ont été prospectés comme la Croix de Fer.
PODCAST
Filets en main avec Isabelle Malafosse et Gilles Garnier, gardes-moniteurs au Parc national, dans la tourbière de la Croix de Fer.
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